« Bonjour, Monsieur Adams. Entrez je vous prie. » C'est une grande pièce, bien rangée. Un peu trop bien rangée. Un bureau, plusieurs fauteuils, une grande bibliothèque. Le sol est tellement net et dénué de poussière que cela en est presque inquiétant. Il a l'habitude, ce n'est pas la première fois qu'il se rends chez une de ses personnes. Toutes les même. Aussi maniaques et curieuses les unes que les autres. La première séance était toujours la pire, tout en étant la plus amusante. C'était la seule à laquelle il assistait, aussi. Après, il disparaissait et était forcé à se rendre chez un autre spécialiste au bout de quelques semaines. Il en connaissaient plus des trois quart de l'état maintenant, sans doute. Mains dans les poches, il alla s'asseoir en face du médecin, arrêtant alors de s'intéresser bêtement aux tableaux ornant les murs. « Vous avez l'air bien détendu aujourd'hui, Kaeden... On voit que ce n'est pas votre premier rendez vous. » Se trouvait-il amusant ? Non, parce que sérieusement, il ne l'était pas. Du tout. Loin de là, même. Levant les yeux au ciels, le fameux Kaeden posa ses mains sur les accoudoirs, se retenant de rire alors que son interlocuteur ouvrant un épais dossier orné de son nom. Il allait en avoir de la lecture, s'il commençait comme ça. Peut-être devrait-il revenir dans quelques heures, pour lui laisser le temps de feuilleter tout ça ? Le contenu n'était pas si intéressant. « Votre famille m'a l'air sympathique... Vous avez une jeune soeur, Lily ? Elle semble bien intelligente... » Cette sentence lui arracha un sourire. Il resta silencieux. Ce n'était pas une question nécessitant quelconque réponse, ce n'était même pas une question. « D'après ce qu'elle dit de vous, ils sembleraient que vous vous entendiez bien, n'est-ce pas ? » Il hocha la tête, de bas en haut. A tous les coups, cet homme avait déjà lu ce qu'il tenait dans les mains, ne l'interrogeant que pour la forme. A quoi bon se montrer s'ils étaient tous penchés sur les papiers aux lieux de s'intéresser à son vécu personnel ? Des incapables, tous des incapables. Au fond ça l'arrangeait bien. « Il y a aussi Angela, votre jumel... » A ce moment là, il se permit de s'éclaircir vivement la gorge. N'avait-il pas vu les petites lignes en bas du contrat ? Le regard de Kaeden reflétait une violence et une irritation certaines. Angela, un sujet à ne pas aborder. C'était sans doute marqué, là, dans les tonnes de feuilles : Ne pas parler des morts. En particulier lorsque les conditions du décès ne sont pas précisées dans les papiers. Se mêler des secrets de famille, ce n'est pas judicieux. Contentez vous donc de l'évaluer, Monsieur, laissez de côté le reste de son entourage. « Hum... Votre enfance a été mouvementée, vous avez été à travers de beaucoup d'épreuves. Comment avez vous vécu l'accident de votre père, alors que vous n'aviez que trois ans ? » « Je n'avais que trois ans, je ne m'en souviens pas. » Seule chose sur laquelle il ne mentait pas. Certains ont quelques vagues souvenirs de leurs jeunes années, d'autres ont gardé des photos. Les siennes étaient restées dans l'incendie, alors que dans sa tête, c'était le trou noir. Il ignorait si cela était normal ou... simplement parce qu'on lui avait lancé un quelconque sort d'oubli... D'après ses parents, il avait subit un choc violent suite à... Suite à Angela. La seule chose dont il se rappelle étant le jour de son décès, il était compréhensible qu'il est décidé d'effacer chaque reste de son existence. La culpabilité ? Les remords ? La honte ? Quoi encore, vous vous croyez à Noël ? Il n'avait jamais aucun regrets, il assumait chacun de ses actes, même les plus affreux. « Vous voulez boire quelque chose ? » Plissant le nez, Kaeden tapota lentement sur le bord de son siège avant d'accepter en le remerciant. Un salaud avait aussi le droit de se montrer poli. Lorsqu'il lui tendit le verre rempli d'eau, il en but immédiatement quelques gorgées. De longues minutes s'écoulèrent dans le plus grand des silences. « Malgré tout, vous ne réalisez pas votre chance d'avoir grandi dans de conditions aussi aisées. C'est dommage, vos erreurs brouillent vos qualités, on ne distingue plus votre... bon côté. Vous pourriez faire de grandes choses. » « Je n'ai jamais dis que je voulais devenir Maître du monde, serveur dans un bar ça me va très bien. » Il répondait sans lui laisser le temps de continuer sa phrase, reposant le récipient sur le bureau de bois sombre.

« Votre scolarité à Poudlard est grandement menacée à ce jour, vous le réalisez ? » C'était la première fois qu'on faisait devant lui allusion à l'école, dans une de ses pièces de psychologues parfaitement organisée. Habituellement, cette partie était évitée étant donné qu'il ne consultait que des moldus étrangers à cette facette du monde, il était donc plus que surpris que le sujet soit abordé. Tendu, le regard fuyant, il commençait à se crisper et à vouloir écourter la discussion, alors que le plus excitant était à venir, l'inédit. Oui, s'il avait tant confiance durant ses entretiens, c'était seulement parce qu'il avait développé une sorte d'habitude à ces questions. Là, c'était nouveau, c'était déstabilisant. D'autant plus que... Paniqué, il fixa le verre qu'il avait précédemment vidé. Non. Impossible. Lui qui ne s'était pas méfié... C'était donc pour ça, toute cette insistance pour qu'il se rende à cet entretien ? Cette pression envahissante avait terminé par le convaincre... Il aurait dû apprendre à ne pas leur faire confiance. « Vous avez osé... Vos méthodes sont de moins en moins respectables, dans le métier. » Il avait envie de s'enfuir, de quitter cet endroit. Plaçant sa tête dans ses mains, sa respiration se fit de plus en plus saccadée, de moins en moins contrôlée. « Un patient particulier mérite un traitement particulier. » Se contenta d'ajouter le professionnel en se laissant aller contre le dossier de son fauteuil. Le sadisme qu'il pouvait voir dans l'expression de l'homme, juste en face, lui donnait la nausée. Il profitait de la faiblesse de Kaeden, connu pour être le plus résistant de tous les suivis jamais rencontrés. La magie, qu'est-ce que ça peut aider, n'est-ce pas ? Il détestait. Il les détestait tous. Avait-il aussi usé d'un maléfice d'entrave pour qu'il ne soit pas capable de se tirer ? Même pas foutu de se débrouiller par lui-même ! « Je me demande qui est le plus à plaindre : moi, la pauvre victime mise dans une situation plus que compromettante, ou vous, celui dont la vie est si pourrie qu'il est obligé de s'intéresser à celles des autres. » « Il n'est pas question d'ennui, uniquement de curiosité. » C'est maintenant que ça allait commencer.

« Que s'est-il passé le le soir du quatre juin, en 1984 ? » Flash sur flash lui revenaient en tête. Fermant les yeux, serrant les dents, il essayait en vain de se sortir ses images de la tête. Obligé de dire la vérité, il devait lui-même se replonger dans cet instant pour ne pas fausser les faits. C'était insupportable, horriblement douloureux. Les cris résonnaient dans ses oreilles, les flammes le brûlaient sans le toucher, une main l'attrapait sans pour autant l'arrêter. « Vous n'êtes pas obligés d'agir com... » « Que s'est-il passé le le soir du quatre juin, en 1984 ? » Même ton insensible, même intensité dans la voix. Une envie de connaître les détails intarissable. Dégoûtant. Déglutissant avec difficulté, il n'avait d'autre choix que de se lancer dans le récit dramatique de cette nuit là. « Angela, Lily et moi étions seuls à la maison, avec la nourrice. Ce que les parents ignoraient, c'est qu'elle n'était pas d'une famille aussi posée que la notre, elle était jeune, elle voulait s'amuser... » Voilà, après quatorze ans de silence, ça sortait enfin. Il passa rapidement sur le fait que la jeune étudiante qui les surveillait était adepte de drogues et d'alcools variés, ainsi que de fêtes organisées à la dernière minute... Ce n'était qu'un détail, comparé à la suite.

La nuit était tombée depuis longtemps, maintenant. A l'étage, dans la chambre où les trois enfants s'étaient réunis, on entendait encore les cris venant du rez de chaussée, la musique dont le volume était à son maximum. Les sons comme les odeurs leur provenaient, s'insinuant sous la porte, la senteur âcre de la cigarette et d'autres substances aux noms inconnus les étouffant alors. La plus jeune n'arrivait pas à s'endormir, elle se bouchait les oreilles de ses petites mains, tout en se plaignant à ses deux aînés en pleurnichant. Si la jeune fille la serrait dans ses bras afin de la rassurer, le garçon lui, se fichait bien de ce qu'elle pouvait ressentir. Assis, au bord du lit, vêtu d'un pyjama deux fois trop grand, il avait un air dur et la bouche tordue en un rictus affreux. Tellement de fois, la même scène se répétait. Tout ça ne finirait que dans de nombreuses heures, avant que les adultes ne rentrent chez eux, les bouteilles vides seraient jetés dans le lac proche, le ménage serait fait par la bonne, habitant dans une cabane aménagée non loin. Elle était trop vieille pour imposer sa loi sur la jeune délinquante, mais pas assez pour se permettre d'être licencier suite aux erreurs d'une autre. Comme tout le monde ici, elle était sous l'autorité de cette Sarah, la soit disant baby-sitter en herbe, ne connaissant sans doute pas les prénoms des gosses qu'elle devait garder. Il avait quatre ans, seulement, il ne comprenait sans doute pas tout, mais il savait que ça : ce n'était pas "bien".

On dit que les jumeaux sont liés, d'une certaine façon, que ce soit en bien ou en mal. On dit qu'ils ont une connexion que personne ne peut comprendre, pas même eux, parfois. On dit... On dit seulement que lorsque l'un souffre, parfois, l'autre peut le sentir. Que lorsque l'un est triste, l'autre également, etc. Pourtant, lorsque la main d'Angela vient se poser sur son épaule, lorsqu'il croisa son regard bleu océan et vit son sourire rassurant, cela n'avait rien de fraternel. Lorsque leurs mains se joignirent, s'enlacèrent, il s'agissait bien d'une marque de tendresse, d'affection, mais bien plus intime qu'elle n'est sensée l'être.

« Quel était ce lien qui vous unissait à Angela ? » Kaeden émit un grognement à l'entente de ce prénom maudit, relevant la tête en direction du psychologue. Prenait-il du plaisir à le voir ainsi torturé ? Passant une main dans ses cheveux, le jeune homme déglutit avec difficulté. « Vous n'étiez pas supposé m'interrompre. Je n'ai même pas finit de répondre à votre premiè... » « Quel était ce lien qui vous unissait à Angela, exactement ? » Il allait rapidement être fatigué par cette manie de revendiquer des réponses à répétition, pourtant il ne pouvait pas lutter. Raison de plus pour être énervé. « Nous sommes nés le même jour, de la même mère, du même père. Elle quelques minutes avant moi. Nous n'avons jamais été séparés. Lorsque Lily est venue agrandir la famille, nous l'avons traité comme notre fille, notre fille à nous deux. C'est ce que l'on m'a rapporté, je ne me souviens de rien. Je sais simplement qu'elle n'a jamais été une soeur à mes yeux, elle ne l'est toujours pas. » « Pourtant... » « Pourtant je ne l'ai pas aidée, oui. On peut très bien aimer une personne plus que n'importe qui, sans pour autant ne jurer que par elle, non ? »

Il avait laissé les deux jeunes filles, les bordant dans le lit en leur intimant le silence, afin d'explorer la foule bruyante. Accroupi en haut de l'escalier, ne voyant en bas que fumée et les chevelures tournées dans tout les sens. Le coeur battant, la respiration bruyante, il ne pouvait cacher son stress. Se retrouver face à des... pas des adultes, mais des adolescents assez éméchés, bien qu'il ignore leur état réel, n'était pas ce qu'il y avait de plus judicieux. Pourtant, il voulait inspirer la fierté de la famille, réussir à faire régner le calme dans la demeure, être respecté. Il était plein d'ambition, plein d'arrogance. Il voulait y arriver de lui-même. Décidé, il avait commencé à longer la rembarre, descendant une à une les marches, le plus silencieusement possible. Quoi que, le silence actuellement, il n'était pas si important.

La crainte l'habitait malgré tout, une fois arrivé en bas. Il était jeune, croyait aux monstres vivant sous les lits, il ne voulait pas se faire manger par l'un d'eux, dissimulés parmi les corps brûlant des squatteurs. Se redressant, arrivant à peine aux genoux des invités, il s'accrochait aux jeans lui passant sous la main sans que personne ne daigne le regarder. Il entendit simplement son nom être appelé, lointain, faiblement. Le souffle coupé par les gaz se baladant dans l’entièreté de la bâtisse, Kaeden sera les poings, se retenant de crier en retour. Elle ne l'avait pas écouté. Elle ne l'écoutait jamais. Elle ne lui faisait pas confiance, le trouvait si fragile, derrière son corps gracile. Il la haïssait pour ça. Elle était la lumière, lui l'ombre. Il ne servait que de compagnon dans ce voyage, c'était la meneuse des opérations. Toujours, depuis leur naissance, les parents portaient leur attention sur les deux filles, plus prometteuses à cause de leur avance intellectuel sur leur âge. Au contraire, le petit homme, dont ils attendaient des prouesses physiques exceptionnelles, n'avait pas tenu le premier cours de judo et avait manqué de se noyer en natation. Pas étonnant, qu'il soit renié par sa mère si attachée à la réussite, effacé par les deux autres enfants Adams.

Pourtant, il s'inquiétait. Forcément qu'il s'inquiétait. Elle était à quelques mètres plus loin, exposée aux regards, au danger. Elle avait peut-être plus d'intelligence, plus de raisonnement, ça ne l'empêchait pas d'être vulnérable. Se retournant, il était trop emporté pour pouvoir la rejoindre, ce qui ne fit qu'accroître sa panique. Ils étaient perdus. Plus les secondes s'écoulaient, plus il se sentait oppressé et mal à l'aise. Ce qu'il fallait savoir c'était que le jeune garçon était atteint d'agoraphobie, non pas dans le sens où les espaces ouverts fréquentés l'effrayait, mais plutôt que les endroits bondés l'angoissait. Dans une telle situation, il ne pouvait que perdre ses moyens.

« Alors vous n'avez pas été capable de la rattraper, je me trompe ? » Malheureusement, non. « Que lui est-il arrivé ? » Toujours cette... insensibilité. Ça le tuait. « Je ne sais pas, pas vraiment. » « Que savez vous ? » « Et bien... » Prenant une grande inspiration, une main sur la nuque, tandis que l'autre retenait sa tête, il défia du regard son interlocuteur, pestant avant de se décider - ou plutôt d'être forcé - à continuer. « Je me suis rendu à l'autre bout de la salle, c'est là que j'ai revu notre nourrice, complètement shootée même si à l'époque je ne l'avais pas réalisé. J'ai beau avoir essayer d'attirer son attention, elle n'en avait rien à foutre. Alors j'ai refais le tour de la maison, mais quand je suis retourné à l'escalier, Angela n'était plus là. Je suis remonté, Lily était seule. J'ai couru un peu partout, jusqu'à la trouver à la cuisine, plaquée contre le frigo, écrasée contre l'un de ses putains de drogués... » Il contient sa haine, à grande peine, retient les larmes de colère. « Je n'ai rien pu faire, j'étais trop... Trop faible. Je l'ai juste regardé se faire détruire par cet imbécile, comme un con, pleurnichard et tellement trouillard. Celle que j'aimais était en train de se faire violer, ma soeur, mon âme soeur même. Ma bien-aimée, ma fiancée... Elle était tout pour moi et on la transformait en rien. Elle ne m'a pas vu, elle n'a pas croisé mon regard, elle était aveuglé par la masse imposante la dominant. » « C'est là que l'incendie s'est déclaré, je me trompe ? » « Espèce de connard... Tout ce qui vous intéresse c'est... C'est quoi exactement ? Pourquoi vous me demandez tout ça ? Pour me guérir ? JE SUIS PAS MALADE BORDEL ! » « Est-ce à ce moment là que l'incendie s'est déclaré ? » Il grondait de l'intérieur, commençait à bouillir, à s'énerver, à étouffer. « Vous pouvez ouvrir la fenêtre.... s'il vous plait ? » « Oh oui, bien sûr. J'avais oublié que vous n'étiez pas adepte des espaces renfermés... » C'est pourtant écrit sur votre putain de dossier.

Exténué et déshydraté, il se décida à terminer son verre. Quitte à être fini, autant se torturer jusqu'au bout. Plusieurs minutes passèrent - voir même une bonne heure, il n'avait plus la notion du temps - pendant lesquelles il se remettait de son récit, de ses souvenirs brûlants et le prenant aux tripes. Il n'avait pas prononcé le nom d'Angela pendant longtemps. « Alors que j'observais la scène, une des bougies éclairant le salon est tombé, entraînant la destruction des rideaux. Ils étaient tous trop... trop stones pour s'en rendre compte sur le coup. Immédiatement, j'ai essayé de la libérer des griffes de son agresseur, seulement je n'avais pas la corpulence nécessaire. J'ai dû me résoudre à l'abandonner. Comme je l'ai dis, je ne l'ai pas aidée. Pas comme je l'aurais dû. Je suis remonté aussi vite que possible pour faire sortir Lily. Ces imbéciles ont refait surface trop tard, une bonne partie du salon était brûlé, la cuisine était bloquée, les flammes s'échappaient par les vitres ouvertes. J'étais déjà dans le jardin, me maudissant d'avoir laissé tomber... laissé tomber la seule que j'ai jamais aimé. » Il n'avait pas de honte à avouer avoir ressenti de tels choses envers sa propre jumelle. Ils étaient jeunes, ils ne s'étaient jamais vu autrement que comme... destinés, à fonder une famille. Lui avait laissé sa femme brûler, sauvant son enfant. En grandissant, son avis sur la question n'avait pas changé. Elle était toujours celle avec qui il aurait eu envie de se marier, la seule le comprenant malgré qu'elle le descendait régulièrement, le remettant à sa place. Il y a toujours eu cette concurrence, faisant qu'il la détestait, allié à cette attirance enfantine et cette attention mutuelle menant à l'acceptation de l'autre. Ils s'étaient trouvés, le destin ayant choisit de les mettre membre de la même famille mais eux en décidant autrement, c'était tout.

« Vous êtes un être bien étrange, Kaeden. » Relevant ses yeux, le concerné s'autorisé à lever un sourcil, étonné par une telle affirmation. « Vos parents ont toujours pensé que vous étiez responsable de cet incident, alors que vous êtes le plus innocent, vous avez même permit à votre cadette de survivre, plutôt que de rester attacher à votre moitié. C'est assez intéressant, si on se penche sur la question. » Il ne comprenait pas où voulait en venir ce spécialiste, trop embrouillé pour chercher un sens à ses mots. « Vous n'êtes pas sensible aux sentiments... positifs, quels qu'ils soient. C'est sans doute depuis que vous avez subi cette perte. » « Je ne vois pas ce que vous essayez de me faire comprendre. » « Vous n'êtes réactif qu'à... l'agressivité, entre autre. Vous n'avez pas de compassion, aucune pitié. J'ai lu que vous aviez maltraité énormément de vos camarades, durant votre enseignement moldu. Vous avez d'ailleurs redoublé ce qui vous a coûté une entrée à Poudlard tardive. Ce n'est pas commun pour un enfant sorcier d'exiger terminer son cycle avant de débuter ses études en sorcellerie... Après tout ce que vous venez de me dire, je suppose que vous ne vouliez pas être trop éloigné de Lily. » Il ne demandait pas, il était certain de ce qu'il disait, il avait raison, en plus de cela. « La plupart des personnes agissant comme vous, par les coups, le font dans le but d'extérioriser un manque d'autorité à leur propre domicile, ou de se venger de la maltraitance qu'ils ont subit à une période. Avez-vous été frappé par votre père, ou votre mère ? » « Jamais. Je me coupais moi-même. » C'était un aveu volontaire, car il savait que cet aspect de sa vie était répertorié dans son historique psychologique. Scarification à onze ans. Tentative de suicide à quatorze ans, un an plus tôt. « Tout comme vous vous êtes lancé dans la drogue par vos propres moyens... Vous êtes plus malin que vous n'y paraissez. Vous tentez de trouver du plaisir, de toucher ce contentement par diverses méthodes, sans jamais réussir à ressentir le bonheur acquit en compagnie de votre soeur. Vous attendez désespérément quelqu'un qui puisse à nouveau vous permettre de... d'être vous-même, sans vous cacher derrière cette barrière. Je pense que vous vous mentez, Kaeden. » « Vous pouvez m'accuser de vols, d'agressions physiques ou sexuelles, de détournements, de dégradations, je ne dirais rien car je les admets. Mais j'ai toujours été sincère avec moi-même et je n'ai jamais voulu retourner en arrière. » « En effet, vous ne le voulez pas. Vous y êtes toujours, dans ce passé. Vous êtes bloqué indéfiniment dans ce jardin, accompagné de Lily. Cela fait onze ans maintenant, onze ans que vous vous reposez sur la mémoire d'Angelina. Onze ans que vous la vénérez comme si elle était encore là. Vous ne pourrez pas passer à autre chose sans l'aide de quelqu'un. Vous êtes soumis à un décompte perpétuel, mais avec un peu de chance vous pourrez rattraper ces années perdues à vous morfondre sur... sur une morte. » On ne lui avait jamais parlé de la sorte. Sans doute parce que personne ne connaissait toute l'histoire, en dehors de cet homme. On ne lui avait jamais dit qu'il devait arrêter de penser à Angelina, au contraire on lui répétait qu'il était interdit de l'oublier. Ce manipulateur sadique qui le harcelait depuis un moment était en train de chambouler toutes ses convictions.

« Vous vous trompez. » Il n'était peut-être pas très assuré, mais il le pensait. C'était impossible. Impossible pour lui de l'effacer, de passer outre. Elle n'était pas n'importe qui, bon sang ! « Un jour, vous y repenserez et me remercierez d'avoir tenu un tel discours pour vous ouvrir les yeux. Ce n'est simplement pas le bon moment pour ça. » L'homme se mit à sourire, allant s'asseoir sur son fauteuil qu'il avait quitté pour le bord de la fenêtre. Il s'empara d'un crayon, signa quelques papiers avant de les ranger dans un tiroir. Puis il prit d'autre feuilles, commençant à les examiner en oubliant la présence de l'adolescent. « Vous pouvez partir. » Pas de prochain rendez-vous ? C'était assez étonnant... Sa méfiance, disparut lorsqu'il avait commencé à raconter ses anecdotes de son passé, revenait à la surface. Se levant, s'appuyant sur le bord du bureau, Kaeden se baissa légèrement afin d'être visible aux yeux de celui qui, au passage, ne lui avait pas dévoilé son identité. « Qui êtes vous ? Vous n'avez pas de secrétaire, pas de salle d'attente, juste une petite pièce comme celle-là. Vous ne m'avez pas donné votre nom en entrant. Même ma mère n'a pas su me le répéter. Je pensais qu'elle l'avait oublié, mais je suppose qu'elle l'ignorait seulement. Pourquoi... Pourquoi vous m'avez fait subir cet interrogatoire, Monsieur ? » « C'est un bien grand mot que vous utilisez là, interrogatoire. Je suis très curieux, souvenez vous. » « Vous avez l'air de cacher bien plus que ce que vous prétendez... Je suppose qu'on sera amené à se revoir, que je le veuille ou non. Je reste sur mes gardes. » N'attendant pas une parole de plus, le jeune homme sortit de la pièce sans en rajouter, toujours secoué par cette entrevue assez inhabituelle. Les rues étaient chargées, la voiture de son père aux vitres teintées l'attendait non loin. Comme à chaque fois, il lui demanderait ce qui s'était passé, inquiet, espérant un changement dans le comportement insolent de son fils. Comme à chaque fois, il lui répondrait que ce n'était pas un diplômé en psychologie cognitive qui réussirait à rentrer dans sa tête, même s'il avait bien peur que ce n'ait été le cas, cette fois. « Je surveille vos arrières, Kaeden, ne vous inquiétez pas. »

Kaeden S. Adams a écrit:

Je veux un lien avec Avery.

Kaeden S. Adams a écrit:

Je suis une rapide.

On commence par la salle de sport et on finit par la chambre ?