Ses mains posées sur le bois de son violon, Dahrah semblait pourtant avoir le regard perdu dans le vague. Les prunelles azurs ne fixant en réalité que l'ombre d'un souvenir, son esprit s'égarant ça et là dans les tourments du passé. Dahrah avait changé, et tout dans son apparence le confirmait. Même si les notes de l'instrument sortaient aussi parfaitement que par le passé, on pouvait y déceler à présent une autre sonorité qui n'existait pas jusqu'à présent. Pourtant, elle avait tout pour être heureuse. Voldemort avait été abattu, le monde de la Magie avait regagné en tranquillité, et elle était actuellement parmi les siens, en Irlande. Même à ses intimes, elle avait offert un visage rayonnant, une voix emprunte de joie, et un retour en fanfare. Elle avait fini par leur dire ce qu'il s'était passé ces derniers mois du côté sorcier, et d'ailleurs ses parents ne la félicitèrent pas de ne lui avoir rien dit. Cependant, devant le retour de la jeune Sorcière, ils avaient vite capitulé et étaient passés à autre chose. Même à eux, elle n'osait pas dire le tourment qui l'avait gagné, cette impression de quelque chose de détruit en soi. Non, elle gardait cela pour elle, et uniquement pour elle, laissant ainsi ses insomnies et l'angoisse la gagner lorsqu'elle se retrouvait seule. Elle se repassait en boucle les derniers évènements, les amis perdus, les déchirures, la perte, l'obscurité, cette impression que rien n'irait plus comme avant, et au milieu de la Noirceur, Amadeo.
Son nom chuchoté parfois en écho de son tourment au milieu de la nuit, le Grec ne quittait plus ses pensées. Dahrah se sentait coupable, coupable de ce qu'il s'était passé. La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle savait qu'elle l'avait blessé. Il n'avait d'ailleurs pas supporté et l'avait abandonné, envoyant son violon valser à terre. Violon qu'elle tenait à présent entre ses mains. Elle avait toujours chéri cet instrument, mais à présent, il ne faisait que lui rappeler sa culpabilité. Même son reflet dans le miroir, pire , son reflet dans les yeux des autres était difficile à supporter. Son entourage ne lui renvoyant que l'image d'une jeune femme parfaite à laquelle on donnerait le bon dieu sans confession. Elle, observait quelque chose de plus sombre, elle voyait une femme qui avait fait mal à celui qu'elle aimait. Certes, elle n'avait rien fait, mais elle avait commis le pire en même temps, elle avait eu le sentiment d'avoir achevé Amadeo alors qu'il commençait à reprendre confiance, à se révéler. La culpabilité se serait peut-être apaisée si ils avaient pu avoir une explication. Mais cela n'avait pas été le cas. Il était aussitôt parti en mission à la recherche de Mangemorts et il s'était retrouvé captif. Pendant des semaines, elle avait cru qu'il était mort. Inutile de dire dans quel état, elle s'était alors trouvée. Elle-même ne s'en rappelait plus très bien. Elle avait préféré oublier. Oublier au profit du soulagement qu'elle avait ressenti lorsqu'elle l'avait su libéré. Le savoir sain et sauf avait suffit à la remplir de joie. Pour aussitôt laisser place au remord. Elle n'avait pas voulu entrer de nouveau dans sa vie. Il devait lui en vouloir terriblement. Après tout, si il était parti sur un coup de tête, si il avait pris des risques inconsidérés, c'était de sa faute, entièrement sa responsabilité.
Des mois après, elle était toujours au point de départ. Après quelques semaines passées en Irlande au sein de sa famille, profitant d'un congé exceptionnel qu'elle avait demandé à l’hôpital, elle passait ses journées à penser. S'isolant la plupart du temps, profitant de la lande et du contact de la nature qui lui avaient toujours été bénéfique. Pourtant, les ressources de la terre mère ne suffisaient pas à panser ses maux, elle préférait les penser, les soupeser et les repenser encore. La neige recouvrait à présent la terre Irlandaise. Le mois de décembre était là, l'hiver était déjà entamé. Nous étions au petit matin, et Dahrah était toujours là, touchant du bout des doigts son violon. N'en jouant même pas, le cœur n'y était pas. Une nouvelle nuit d'insomnie, peut-être celle de trop. Sans vraiment savoir comment, ni pourquoi, elle décida qu'il était temps. L'heure était venue de retrouver Amadeo. Elle ne pouvait plus tenir, elle ne parvenait plus à vivre avec cette impression d'un poignard planté en permanence au cœur de ses entrailles. Elle devait le revoir, elle ne pouvait même pas l'expliquer, c'était vital. Mais en même temps, cette seule idée l'angoissait terriblement. Revoir son visage était son vœu le plus cher, mais si elle y lisait la même expression que la dernière fois, le supporterait-elle seulement?
La Guérisseuse ne savait même pas où chercher. Elle espérait le revoir, mais en même temps, elle le redoutait. Immédiatement, son esprit pensa à la Grèce. Ses pensées vagabondèrent dans la demeure du Grec. Lieu où ils s'étaient vraiment parlé sans façade pour la première fois. Presque comme une automate, elle se leva du rebord de la fenêtre sur lequel elle était installée. Les lueurs du jour perçaient à travers les nuages cotonneux, puisqu'à chaque nuit son aurore... S'habillant rapidement, ne prêtant pas grande attention à sa tenue vestimentaire, laissant ses cheveux cheminer le long de son dos, la jeune femme entreprit d'écrire rapidement un mot à l'attention de ses proches, et elle poussa ensuite la porte de la chaumière. Effectuant quelques pas sur le sol neigeux, elle contempla rapidement les environs, s'imprégnant une dernière fois de sa terre natale, elle ferma ensuite les yeux, visualisa le lieu, elle se le remémorait avec précision, comment oublier...
Lorsque ses paupières laissèrent de nouveau place à ses prunelles, elle était devant la demeure du Grec. Ici, pas de neige, pas comme la dernière fois se dit-elle. La bâtisse était différente de jour, elle offrait un aspect plus accueillant. Comme chez elle, les premières lueurs du jour venaient caresser les murs éteints. Elle se rapprocha de l'entrée du Serpentard, mais ne parvint pas à avancer plus. A quelques distances de la demeure, elle resta là quelques instants. Elle ne savait pas quoi faire, elle avait l'impression d'être ridicule. Il n'avait pas cherché à la rencontrer ces derniers mois, il n'avait donc peut-être légitimement pas envie de revoir son visage. Voilà qu'à présent le doute l'assaillait. Son esprit ne laissa pas cependant longtemps place au doute. Car elle pouvait à présent voir une silhouette sortir de la demeure. Une silhouette qu'elle reconnaissait aisément. Lui aussi avait changé, il était différent. A sa seule vue, son cœur se serra, les larmes avaient envie de se frayer un chemin jusqu'au bord de ses cils, mais elle ne laissa pas faire. Elle n'allait tout de même pas lui offrir l'image d'une jeune femme en larmes, c'était pitoyable, et pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Machinalement, elle fit quelques pas de plus vers le Grec. Elle avait envie de courir vers lui, de le serrer dans ses bras, mais le remord l'en empêchait. Il lui en voulait sans doute toujours. Arrivée à hauteur de la plaque sur laquelle était inscrite le nom du Serpentard, elle le contempla en silence quelques instants. Caressant du bout des doigts l'écriteau pour masquer sa gêne mêlée à l'émotion de le revoir, elle lui sourit quelques secondes, son regard emprunt de tout ce qu'il lui inspirait. Son sourire s'estompa cependant rapidement, et alors qu'elle baissait la tête pour ne pas savoir de suite la nature de son regard à lui, ayant trop peur d'y lire le reproche qu'elle avait observé la dernière fois, elle prit cependant son courage à deux mains, et se décida à poser de nouveau son regard clair sur celui du Langue de Plomb. Doucement, elle lui demanda:
" Je peux entrer?"
Pas de bonjour, pas de salutations. A quoi cela pouvait-il bien servir? Elle ne savait même pas si il avait envie de lui parler, autant qu'elle soit de suite fixée. Même si il la congédiait, elle ne regrettait pas d'avoir eu le courage de venir. Elle avait ainsi pu le voir, voir qu'il allait bien, qu'il était en bonne santé même si elle le trouvait changé, il était là, il se tenait devant elle, et pour l'instant cela lui suffisait. Il était là, c'était tout ce qui lui importait.
Dernière édition par Dahrah Mills le Ven 19 Aoû - 22:09, édité 1 fois
Journal de Bord Age du Personnage : Trente-trois ans. Patronus : Une hyène. Métier : Membre du Ministère
Sujet: Re: " I wish you'd hold me when I turn my back..." FE Amadeo Jeu 18 Aoû - 0:08
C'était un moldu qui sortait de chez Amadeo. Que pouvait-il faire ici, cet inconnu ? Inconnu dans sa propre maison. Les traits identiques, mais tout avait changé. Sa démarche, autrefois conquérante, se révélait clopinante. Ses vêtements, précieux, s'étaient mués en ceux du voisin. Sa peau lézardée de cicatrices, ses mains entaillées ne portaient plus ses bagues, son avant-bras n'accueillait plus sa baguette. Comme si tout avait été oublié depuis ses onze ans, et reconstruit sur une base de non magie. Les jours étaient longs, les nuits encore d'avantage. Mais c'est ce qu'il avait choisit, pouvait-on vraiment le plaindre ? Il avait fait le choix de se retirer de sa propre vie, juste, laisser tout en plan et se casser en courant. Fuir. Dire qu'il critiqua toujours les lâches, finalement, ces imbéciles avaient trouvé un moyen d'avoir une existence heureuse. Du moins, on parvenait à s'en persuader.
Voilà, le serpent en était là. Il avait creusé la solution, trouvé une route plus ou moins praticable. Qu'avait-il fait de si terrible pour qu'on l'empêche d'atteindre une certaine paix ? Dahrah se trouvait devant lui. Il venait de franchir la porte, et n'avait rien vu, pas même la silhouette de celle qui compta tant. C'est sa voix qui vint en premier à son esprit. L'ouïe d'abord, puis la vue. Son visage se relève, comme demandant confirmation. Dire qu'il avait imaginé ce moment une bonne centaine de fois était un euphémisme, et jamais il ne se satisfaisait d'un scénario. A raison, puisque ce qui se bousculait dans sa carcasse ne pouvait être imaginé ou pensé, seulement vécu. Les poumons essayaient de battre, le cœur de respirer, un beau bazar qui se retranscrit en un fouillis de réactions. Le regard se perd, il vaque au sol, au ciel, à droite, à gauche. Bordel, maintenant Amadeo recule, tête basse. Le serpent tient plus du pauvre vers se tordant misérablement que du cobra.
« Non. » C'était sortit, avant même qu'il se pose la question. Il est lui-même surprit de la dureté du ton employé. « Non, tu ne peux pas rentrer. Tu n'aurais pas du venir. »
Aucun reproche dans la voix, celle-ci se fait étrangement calme, presque aseptisée. Neutre. Pendant les premiers jours de sa captivité, il en avait voulu à la terre entière. Aux mangemorts tout d'abord. Puis à Dahrah, qu'il jugeait coupable de l'avoir amené à une telle folie. Il en voulu à l'Ordre, de ne pas le retrouver, et selon lui, de ne pas le chercher. Enfin, la rancœur s'en était allée, il ne pensait qu'à les revoir tous. Mais les quatre murs diffusaient une tristesse et un dégout de lui-même qui finirent par infiltrer ses veines. Pour tenir, le langue-de-plomb s'était enfermé dans un mutisme intégral, une carapace qui se transforma bien vite en lieu clôt dont il était lui-même prisonnier. Finalement, le mal avait gagné.
Il continue son chemin, comme si rien ne venait perturber son quotidien. Passe à côté de la rousse, va chercher son courrier. Mais la supercherie est facilement repérable, rien qu'à ses mains légèrement tremblantes qui lui firent du tord pour ouvrir cette foutue boite aux lettres. Aucune attitude derrière laquelle se cacher. Il était juste exhibé nu sur une cible ouverte à chacun souhaitant lui jeter une pierre. Voilà ce qu'il était. Le nerveux s'échauffe sur la serrure, puis balance la clé de rage. Evidemment, cette dernière n'était pas la cause de son état, une victime tout au plus. Il fait quelques pas, marche sur la route, tourne en rond, s'inventant un itinéraire aussi tortueux que ses pensées. Enfin, il se plante au milieu de la voie, fixant avec intensité la silhouette féminine. Il n'a plus sa baguette, et n'a même pas testé celle de son père, qui repose dans un écrin depuis des mois. Ils pourraient se faire faucher là, maintenant, et dieu qu'il s'en fout. Les risques de la vie. Tant de différences entre l'ancien et le nouveau, mais sorcier ou moldu, la peine est la même.
« Quand j'avais besoin de toi, tu n'étais pas là ! » Finit-il par hurler d'une voix éraillée. Avoir besoin d'elle, oui. Mais il avait si peu conscience de ses mots que la faiblesse était avouée sans détour.« Tu débarques avec des mois de retard, et tu espères quoi ? »
Est-ce cruel que de faire peser la culpabilité sur les épaules de ce brin de femme ? Effectivement. Cruel et injuste. Peut importe, elle pouvait même le détester si ca l'aidait. Ca les aiderait surement, tiens. Tout ceci était absurde. Elle ici, lui qui lui fermait la porte ; eux. Un fleuve de questions menacait ses lèvres, mais dans cet embouteillage, seules certaines parvenaient à se faire une place. Sa voix plus forte qu'à l'accoutumée lui permettait de se donner un peu de contenance.
« D'ailleurs, pourquoi maintenant, pourquoi seulement maintenant ? »
Des mois, c'était long, affreusement long ; mais pas assez pour faire taire certaines rancœurs. Pendant cette guerre froide, aucun des deux n'avait fait un pas pour rejoindre l'autre, jusqu'à ce jour. Quelles sont ses motivations ? L'accès à l'intérieur de la demeure semble compromis pour la rousse, il s'agissait d'un droit qui lui avait été retiré.
Dahrah Mills Unless you love, your life will flash by ...
Ses traits étaient tirés, le souci et la contrariété fermaient encore un peu plus son visage. Et pourtant, elle le trouvait magnifique, chaque parcelle de sa peau, de son être avait provoqué en elle un manque la conduisant à l'agonie un peu plus chaque jour. Même ce "non", articulé avec neutralité, sans la moindre émotion, ne provoqua pas chez elle la fuite. Pas que cela ne l'avait pas touché, au contraire, il avait été insupportable, comme un nouveau coup de poignard entre ses côtes, retenant en une inspiration sans air, l'émotion difficile à avaler. Elle n'était cependant pas étonnée, ce n'était pas étonnant de lui, l'inverse aurait été surprenant, l'inverse n'aurait pas été lui. Il passait devant elle sans plus la regarder, allant chercher son courrier, ses mains trahissant cependant la nervosité qui l'avait gagné. Et elle, elle restait là, abasourdie, ne pouvant détacher son regard de sa silhouette, elle resterait là de toute manière, elle attendrait, le temps qu'il faudrait, l'éternité même si cela s'avérait nécessaire. Elle apprivoiserait les murs, elle deviendrait familière, elle deviendrait l'ombre de son ombre si seulement elle avait un jour une chance de mériter une attention de sa part.
La clé avait été jetée de rage, elle n'avait pas rempli son rôle à temps, elle n'avait pas apporté assez rapidement la contenance nécessaire. Le Langue de plomb, déambulant à présent face à sa demeure, tournant en rond, s'inventant un chemin que seul son esprit chaotique pouvait décider. Puis les mots vinrent la frapper de nouveau.
« Quand j'avais besoin de toi, tu n'étais pas là ! »
Non elle n'était pas là non, elle était restée en retrait, bien trop rongée par la culpabilité pour oser l'affronter plus tôt. Savait-il seulement qu'elle ne se supportait plus elle-même? Que d'entendre simplement le son de sa propre voix, appliquée à cacher par un masque joyeux l'étendue de ses plaies lui donnait simplement la nausée, l'envie d'en finir même parfois... Heureusement que son travail avait une belle capacité assommante, gérer l'urgence et les malheurs des autres endormait quelque peu ses propres tourments. Mais chaque soir, chaque instant seule, chaque souffle solitaire, la meurtrissait un peu plus, lui donnait envie d'être quelqu'un d'autre. Elle avait envie de pleurer oui, mais pleurer était une preuve de faiblesse, et elle ne l'apitoierait pas non, elle le mettrait un peu plus en colère si elle exprimait sa faiblesse de cette manière. Il était facile de pleurer pour apaiser illusoirement des fautes pourtant commises.
« Tu débarques avec des mois de retard, et tu espères quoi ? »
Qu'est ce qu'elle espérait? Elle espérait un regard, elle espérait un peu du temps d'avant mais c'était bel et bien impossible. Ils n'étaient plus les mêmes, ils n'étaient plus que des âmes errantes et blessées, ils n'avaient plus rien des deux jeunes membres de l'Ordre, fort et courageux. Ah non pardon, ils n'avaient jamais été forts et courageux, ils étaient juste un peu plus faibles encore, ils étaient trop abîmés pour oser s'aimer désormais. Et pourtant, voilà ce qu'elle espérait, le sentir près de lui, revoir ce visage qu'elle avait vu autrefois, ce sourire, cette flamme dans ses prunelles bleutés. Se rapprochant de lui par quelques pas, sans pour autant être proche de lui, le sachant bien trop mal pour le menacer de sa proximité, elle lui répondit: " Je n'espère rien. Je ne mérite rien même. C'est juste que... je voulais te revoir." Passant une de ses mains sur son cou, enserrant légèrement sa nuque nerveusement, son regard posé sur le sol pour revenir de nouveau à lui. " Je ne pouvais plus... Je ne pouvais plus sans toi." En disant cette phrase, elle s'était légèrement reculée. Elle avait carrément fait aveu de faiblesse. Mais la fierté avait depuis bien longtemps quitté sa vie. Elle était pitoyable, pathétique même, mais elle ne pouvait qu'être honnête avec lui. Elle aurait pu s'épancher davantage, lui murmurer que vivre sans lui était insupportable, qu'elle avait simplement décidé de revenir alors qu'elle savait qu'il ne voudrait probablement jamais la revoir. Qu'avec aucune autre personne, elle ne se serait abaissée à cela, mais que pour Amadeo, elle était prête à se rouler plus bas que terre. Elle n'avait plus une once d'orgueil dans son être, non , seulement lui.
« D'ailleurs, pourquoi maintenant, pourquoi seulement maintenant ? »
Cette question la heurta bien entendu, mais la rassura également quelque part. Ainsi, une part de lui avait souhaité la voir. Apparemment c'était trop tard, mais elle n'avait pas pu plus tôt. Elle n'avait pas osé l'affronter, et s'affronter elle-même par la même occasion. Toujours droite comme un "i", elle sentit ses mains se resserrer légèrement sur son jean, crispant nerveusement le tissu entre ses doigts, ses cheveux fouettant allègrement son visage, lui donnant sans doute un air encore plus pitoyable. Sa réponse ne se fit cependant pas attendre: " Parce que je suis lâche Amadeo... Je ne suis qu'une lâche, une incapable. Je pensais que tu ne voudrais jamais me revoir. Et apparemment j'avais raison, non? Mais ce n'est pas un argument, j'aurais du venir plus tôt, je ne mérite que ton rejet, et si j'avais été un tant soit peu courageuse, je l'aurais affronté plus tôt."
Elle lui tourna le dos, pour retourner près de sa porte. Arrivée contre le mur qui longeait la porte d'entrée, elle s'adossa simplement avant de se laisser glisser jusqu'à terre. Enserrant ses jambes fléchies contre son buste, elle leva de nouveau ses yeux pour tenter de les poser sur les siens. Sa voix était devenue légèrement plus tremblante à présent, elle ne pouvait pas éternellement se contrôler malheureusement, elle était faible, pathétiquement sensible. Peut-être qu'il ne supporterait pas de la voir ainsi, mais elle ne maîtrisait plus cela. " Mais maintenant je suis là et même si j'ai des mois de retard, j'attendrai, j'attendrai ici, des jours entiers si il le faut."
Déglutissant avec peine, elle ne parvenait pas à croire qu'elle serait aussi faible et obstinée en même temps. Néanmoins, si elle s'était enfin décidée à faire le déplacement jusqu'ici, si elle avait pris la décision d'affronter celui qui lui était le plus cher, ce n'était certainement pas pour partir au bout de cinq minutes et un refus. Non elle avait bien trop de retard comme il disait pour s'autoriser cela. Regardant à présent la porte de sa demeure, elle ajouta:
" J'attendrai que tu veuilles de moi."
Car c'était à présent le seul but qu'elle s'était fixée, cela faisait des mois qu'elle errait avec une impression d'être sans âme, avec la sensation que la transparence avait laissé place à sa peau, ne laissant qu'un cœur aussi lourd qu'une pierre pour l'entraîner vers le fond. Et de toute manière sans lui, à quoi bon?
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" I wish you'd hold me when I turn my back..." FE Amadeo
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