Hawaï express

Tandis qu’il s’avançait entre les magasins aux vitrines bien garnies, Oskar sentait sa certitude se renforcer : il était plus que temps de faire un reportage sur l’Hawaïen à cornes, et la voie la plus directe pour y arriver passait par le fait de dénicher une noix de coco centenaire. Dans un vieux manuel de drangonologie, il avait lu que « une noix de coco centenaire n’a pas son pareil pour … une tache d’encre rendait le mot illisible…le fameux dragon de Hawaï ». Ceci était forcément prometteur ! Et lorsqu’on cherche quelque chose dans ce genre, l’endroit à visiter est indubitablement le célèbre chemin de traverse de Londres, reconnu à travers tout le monde magique. C’est pourquoi il était là et c’est pourquoi il passait la porte du magasin « Au crapaud farfouilleur ».

Au milieu des banalités que sont dans le monde magique les chaudrons et aux boules de cristal, se trouvaient quelques curiosités : le plus gros lézard empaillé qu’Oskar ait jamais vu (si gros qu’on arrivait distinctement à lire le tatouage « à ma maman » sur sa patte avant gauche), une authentique oreille de yéti, un autographe de Dumbeldore sur un sous-boc du chaudron baveur, une vieille sorcière avec un chapeau rose… QUOI ?! Ah, ce devait être la vendeuse !

-« Mes respects, gente commerçante, dit Oskar, figurez-vous que vous allez pouvoir vous vanter d’être en mesure d’apporter votre aide à une noble quête ! »

-« Et il veut quoi ? », répondit l’avenante vendeuse.

-« Auriez-vous par le plus grand et le plus heureux des hasards la possibilité de me sortir de l’embarras dans lequel je me trouve en me fournissant une noix de coco centenaire, je vous prie ? » se renseigna Oskar.

-« J’ai pas ça ! » l’informa la commerçante. « Par contre j’ai une question… »

-« Me feriez-vous la grâce de me l’énoncer ? »

-« ÇA VA PAS DE VOULOIR UNE NOIX DE COCO CENTENAIRE ? ÇA ATTIRE LES DRAGONS ! »brailla la marchande.

-« Sans vouloir vous offenser, il s’avère que c’est un peu mon but, répondit Oskar, et qui plus est, il me semble que les experts ne s’accordent pas TOUS sur les propriétés de ce sympathique fruit sec ! »

Sur ces entrefaites, Oskar passa le pas de la porte. Il allait lui falloir trouver un autre magasin. Un autre magasin, et peut-être autre chose, car la commerçante avait semé les graines maudites du doutes dans son esprit. S’il s’avérait que la noix de coco centenaire avait pour capacité de lui créé plus de problèmes qu’il n’en aurait déjà en approchant les dragons, un peu d’aide ne serait pas malvenue. C’est alors qu’il l’aperçut dans la rue à quelques pas : un solide sorcier bien bâti et à l’air conquérant.

-« Et si je demandait à ce sorcier de m’apporter son aide ? Le côté aventureux de l’entreprise le séduira peut-être ! » pensa Oskar.

Dans quoi est-ce qu'il venait de mettre les pieds franchement ? Lui même ne le savait pas. Il aurait très bien pu refuser vous me direz, refuser d'accompagner ce type, mais visiblement le rédacteur en chef de ce magazine sur les dragons avait demandé, recherché plutôt quelqu'un pour accompagner son journaliste. Certes, il n'était pas obligé de travailler, il avait de quoi de côté avec ces années passées au Ministère Américain, plus ces voyages dans le monde, et il aurait pu simplement se la couler douce au bar, mais il n'était pas du genre à rester inactif. Dès qu'il pouvait, il aimait rendre service, bien qu'il se faisait payer pour la plupart du temps. Pour ça qu'il avait répondu favorablement à cette demande. Mais il ne savait franchement pas ou il mettait les pieds. Partir à la recherche d'un dragon, fallait vraiment avoir perdu un grain dans la bataille en tout cas. Mais bon, du moment qu'il pouvait rester en vie, lui, cela lui suffirait et cela ferait passer le temps vous me direz.

Voilà pourquoi il se trouvait sur le Chemin de Traverse, les indications disaient que celui qu'il devait accompagné se trouverait dans les environs, du côté des antiquaires, des vendeurs de nourritures pour animaux magiques, Ethan ne cherchait même pas pourquoi, après tout, il comptait dénicher un dragon avec de la nourriture ? Autant lui donner un humain en pâture dans ce cas. On recherchait notre type depuis quelques minutes quand on remarqua un type - ressemblant étrangement à un ancien sélectionneur d'une équipe de football mondiale - sortir d'une boutique. Est-ce que c'était lui ? Bordel, il faudrait plus d'une personne pour le maintenir en vie, il allait se faire lyncher vu sa tête. Bon autant en avoir le coeur net, et c'est pour cela qu'il s'avança vers lui, rapidement, avant de prendre la parole.

"Vous êtes Oskar Nabyliev ? C'est votre rédacteur : Casimir Maldanssesdrat qui m'envoie."

C'était lui ou tous ces noms étaient clairement ridicules ? Non franchement ces britanniques, européens, on se demande franchement ou ils allaient chercher leur nom et leurs prénoms. Ils devaient être perturbés durant toutes leurs vies. Enfin on n'était pas là pour parler de noms ou de prénoms, on était là pour jouer à l'escorte, au garde du corps, au guide touristique, bien qu'on ne lui avait strictement rien dis sur sa destination, ou alors juste quelques bribes. Peut-être pour cela qu'il était habillé comme un moldu, avec les chaussures de randonnée, et un sac à dos, sait-on jamais sur quoi on pourrait tomber. Il avait pris de quoi là-dedans pour parer à toute situation : fil dentaire, rasoir, préservatif, lime à ongle, menottes, fusil à pompe, sac de couchage et on en passe. Espérons en tout cas qu'on ne se trompe pas de personne.

"Je serais apparemment votre escorte durant votre voyage, on doit aller ou ? Je n'ai pas eu d'informations de la part de votre chef concernant la destination et ce qu'on allait faire."

On était dans la moise.

-«Ça alors ! » pensa Oskar «non seulement ce garçon avait l’air d’avoir le profil pour être un compagnon de voyage, mais en plus il l’est déjà ! »

Ce sacré Casimir avait dégotté le garde du corps parfait, et malgré son air mêlant à la fois l’incrédulité et la circonspection ce sorcier-là cachait, Oskar en était certain, une énorme impatience d’approcher les dragons, de voyager en compagnie d’un Ouzbèk pure souche, et bien entendu de commencer par trouver une noix de coco centenaire ! Ah, le sens de l’observation légendaire d’Oskar ! Toujours là pour l’aider à élaborer les plus fines stratégies et à sélectionner les bonnes personnes pour partir en voyage avec lui ! De plus, ce qui ne gâtait rien, son léger accent américain lui indiquait un autre point positif : il y avait très peu de chance pour qu’un citoyens de Etats-Unis fasse le rapprochement entre lui et son sosie moldu, Raymond D…ou alors il n’état vraiment pas chanceux…

-« Cher ami, vous allez avoir l’opportunité de découvrir sous vos yeux ébahis un des plus spectaculaires dragons que ce monde ait jamais porté, car nous allons nous rendre à Hawaï afin d’y observer, d’y photographier, voir même d’y interviewer un authentique Hawaïen à cornes ! J’apprécie votre sobriété lorsque vous cachez votre joie, mais je sais que la flamme de l’impatience aventureuse brûle en vous ! Eh oui, vous apprendrez à voir que je suis un fin observateur de la comédie humaine ! »débita Oskar dans avec empressement.

-« Super ! » marmonna Ethan.

-« J’aime votre style direct ! » répondit Oskar , « et d’ailleurs nous allons devoir en faire preuve pas plus tard que tout de suite car il nous faut absolument trouver le dernier élément nécessaire à notre quête (quoi qu’en pense une certaine marchande mal lunée), à savoir une noix de coco centenaire ! En avez-vous déjà vu une, mon jeune ami ? »

Oskar, tout en parlant se frayait un chemin vers la boutique « Du pâté pour mon hibou », spécialisée dans les mets les plus raffinés pour les animaux magiques. Ils y entrèrent.

-« L’aventure commence ici, mon garçon ! Montrez-moi de quel bois vous vous chauffez ! »lança Oskar à Ethan.

Pardon ? Faire une interview d'une bestiole qui pouvait faire de vous son dîner ? Il était tombé sur la tête ce type ou quoi ? Ouais franchement il était aussi emballé qu'une moule qui venait d'être sortie de l'eau, c'était pour dire. Mettez le tout dans un papier cadeau et vous aurez le type plus emballé de l'histoire pour cette chasse au dragon. Non franchement, on avait à faire à un illuminé de la vie, on ne savait pas ce qu'il avait pris ce matin, si c'était la moquette ou simplement l'effet néfaste de sa femme, mais en tout cas, il n'avait pas l'air bien dans sa tête. Faudrait vraiment qu'il prenne un coup sur la tête, histoire de se remettre les idées dans la tête. Oh joie, partir là-bas c'était son rêve il faut dire. Remarquons toute l'ironie du moment, et au combien mourir cramé par un dragon l'enchantait au plus haut point.

"Euh...interviewer un dragon ? Vous savez que ces bestioles ne parlent pas ? Qu'ils ne font que cracher du feu ? Après libre à vous de finir en steack grillé, mais personnellement, je resterais en retrait et j'observerais votre maîtrise du langage dragon de loin."

D'autant plus que maintenant, il fallait trouver une quoi déjà ? Noix de coco centenaire ? Oui bon ça, on pouvait directement en trouver à Hawaï non plutôt qu'ici ? Là-bas, ça devait pousser plus que par ici non ? Simple déduction logique. On voyait mal quelqu'un possédait ce genre de choses dans les environs, et on confirmait son côté inculte sur les noix de coco en ne sachant pas à quoi cela pouvait servir avec des dragons. En tout cas il fallait le suivre le loustic, il filait déjà vers son prochain arrêt, on doutait quand même qu'il trouve ce qu'il faut dans les parages, enfin laissons le chercher.

"Jamais encore vu de ces noix de coco, mais vous avez l'air d'être un spécialiste en la matière."

Il n'était pas là en tout cas pour faire du marchandage, enfin ce n'était pas à lui de faire de toute manière, et il montrerait de quoi il était capable si simplement on venait les importuner. La prochaine fois, il évitera de répondre à des annonces avant d'avoir bu son café le matin. C'était mauvais pour sa santé mentale.

"Après vous, vous m'avez l'air plus doué que moi pour récupérer ce genre d'affaires. Je m'occupe des impertinents qui essaieraient de vous barrer la route dans votre mystérieuse quête."

Autant rester aimable et sympathique, pas parce qu'il était complètement cinglé ce type qu'on devait le jeter aux crocos dès qu'on en voyait un. Zen, tout se passerait bien, normalement.

-« Je vois que vous ne voulez pas me priver du plaisir d’être celui qui trouvera la noix de coco centenaire ! C’est si aimable à vous de me ménager de la sorte ! Vous êtes un gentleman ! » déclara Oskar, avant de se mettre à chercher l’objet de ses convoitises.

Laissant un Ethan tout en haussements de sourcils prêt de la porte d’entrée du magasin, le sorcier ouzbèk commença une inspection des rayonnages. Purée de mouche pour crapaud gourmet, oreilles de souris au paprika pour chat malicieux, croquettes géantes saveur furet pour hippogriffe athlétique,… on trouvait de tout, ou presque ici ! Et tout à coup, en haut d’une étagère, sous un panneau de bois indiquant « ici, raretés divers », la forme ronde d’un fruit sec bien connu lui apparut. Il entreprit alors de tendre la main vers ce qui présentement avait des allures de Saint-Grâle, mais se rendit assez rapidement compte que malgré sa grande sagesse, il était envisageable de considérer que Dame Nature ne l’avait pas assez bien pourvu dans le domaine de la taille pour qu’il puisse atteindre son objectif de la sorte. D’un petit saut délicat, il tente de gagner les cimes mais cette tentative se termina sur un échec. Une fois retombé sur ses pieds, il se retourna brièvement vers Ethan, toujours impassible, et lui adressa un petit sourire mi-gêné, mi-interrogateur.

-« Bon, il n’a rien remarqué. » se dit-il « Insistons un peu afin de ne pas avoir l’air de ne jamais avoir fait de sport de ma vie, mais tout en discrétion, comme toujours… »

Les vendeurs avaient l’air occupés, et demander de l’aide à Ethan était inenvisageable, car l’Américain se sentirait surement gêné de se voir demander cela alors que son souhait était de laisser Oskar se sortir glorieux de cette épreuve. Se disant qu’il vaudrait mieux, si lui ne pouvait pas aller à la noix de coco, que ladite noix de coco vienne à lui, Oskar entreprit alors de secouer l’étagère. Il le fit avec un bel entrain, tant et si bien que ce qui devait arriver arriva et que la noix de coco lui « sauta » dans les bras. Cependant elle ne vint pas seule, mais accompagnée que quelques amis, notamment un gros sac de graines de pastèques ensorcelées qui se rependit au sol, et d’un gros bloc de cristal bleu (de la nourriture pour boas mangeurs de pierre, apprendrait-il plus tard), qui tomba…sur la tête d’un gros sorcier à la mine patibulaire qui se trouvait de l’autre côté du présentoir.

-« Croyez bien que je suis navré mon bon monsieur, car voyez-vous je ne sens parfois pas ma force… » commença Oskar, avant d’être interrompu.

-« TOI TU VAS AVOIR DES PROBLEMES ! »cria le sorcier en brandissant un poing menaçant.

Il l'avait senti, rien que de rentrer dans cette boutique, il sentait que quelque chose allait mal tourner, de plus voir celui qu'il était censé protéger, commencer à secouer une armoire ou d'essayer d'attraper ce qu'il y avait dessus, enfin quelque part dedans, disons qu'il ne le sentait pas vraiment. Et il eut raison vous me direz, vu la catastrophe que tout cela occasionna, non franchement, il était sorcier non ? Il aurait pu utiliser sa baguette ? Mais non, on dirait bien qu'il aimait tout faire de ses mains, on était franchement mal barré si à chaque fois qu'on allait quelque part, on allait devoir payer les pots cassés, et surtout jouer au garde du corps. Certes on était payé pour mais quand même, il faudrait arrêter d'agir en moldu mine de rien. Soupirant en voyant l'un des clients commencer à s'agiter, et prêt à frapper Oskar, il n'eut pas vraiment d'autre chose que de sortir sa baguette, bon autant commencer le travail maintenant non ?

"Stupéfix !"

Au moins cela avait arrêter le type dans son geste, bien qu'il avait l'air d'être comme une statue pour le moment, enfin c'était le but du sortilège quand même ! Dans quoi on était tombé. Il darda un regard lourd de sens vers Oskar, la prochaine fois, qu'il utilise sa baguette, avant de commencer à agiter la baguette autour des dégâts occasionnés. Vive la magie par moment quand même.

"Recurvite ! Reparo !"

Des sortilèges basiques vous me direz, mais au moins cela avait le don de tout nettoyer sans oublier de réparer tout ce qu'il avait fait tomber. Et également sur le type en statue. Bien il s'était calmé ? On allait pouvoir enlever le sortilège ? On dirait, en tout cas, c'est ce qu'il fit avec le contre sort de façon informulé, avant de garder la baguette pointée sur lui, au moins ces intentions étaient claires. Il faisait quelque chose, Ethan réagirait à la seconde près et il se retrouverait dans le même état.

"Vous devriez aller payer, je ne pense pas que nous devrions traîner dans les parages, pas après tout cela. Et la prochaine fois, utilisez votre baguette, plus facile d'attraper un objet avec un sortilège d'attraction que de voir le prendre comme un moldu."

Aller Oskar bouges tes petites fesses, parce qu'on avait beau menacé le gus en face, nul doute que celui-ci serait capable de tenter quelque chose n'est-ce pas ? D'ailleurs Ethan souriait amusé en observant ce type, on voyait bien qu'il était encore en colère, compréhensible, mais Ethan faisait son job, alors qu'il se calme. Il fallait vite filer d'ici ensuite, prendre un portoloin ou transplaner, mais ne pas rester dans les parages, on était bien remarqué pour maintenant !

Ah quelle spectaculaire intervention ! Quelle bravoure, quelle prestance,…et quelle logique aussi ! Décidément cet Ethan semblait paré pour l’aventure. Oskar aurait bien aimé pouvoir dire qu’il avait déclenché tout cela pour tester les capacités de son compagnon, mais il se trouvait que son empressement avait eu raison de sa réflexion pour cette fois. Pourtant il convenait, afin de garder intact le grand respect que semblait éprouver l’Américain pour lui, de ne pas l’avouer. Aussi déclara-t-il :

-« Très bien joué, cher ami. Vous vous êtes fort bien tiré de ce petit test ! »

Il était tout à fait temps de partir, tel que le supposait son compagnon (là encore, quelle présence d’esprit ! Quel sens de la stratégie aiguisé !). Une dernière vérification s’imposait, et ne fut qu’une formalité : une grosse étiquette indiquait en effet « noix de coco centenaire authentique » sous la noix. De toutes manières son aspect laissait peu de place au doute : cette noix de coco en avait vu du pays ! Le prix également indiqué : 30 gallions et 10 mornilles. Ce n’était pas gratuit mais ce qui est rare a un prix donc il allait falloir sortir l’argent ! Heureusement les nombre d’abonnements à « Passion dragons » avait bien augmenté ces derniers temps et le livre « Le régime alimentaire du vert gallois, un mystère en passe d’être résolu » s’était très bien vendu, donc Oskar était dans une période faste. Il se dirigea donc d’un air conquérant vers le comptoir, d’autant plus qu’il savait qu’Ethan surveillait ses arrières. Devant le regard médusé du tenancier, qui semblait encore revivre l’incident du cristal, du sorcier et du sauvetage d’Ethan dans son esprit, il posa la noix de coco sur le comptoire.

-« Je vais vous prendre ça, dit Oskar, et aussi deux chocogrenouilles, tiens ! »

Après avoir dûment payé, l’Ouzbèk se retourna vers son compagnon en montrant la noix de coco qui était à présent leur propriété, et avec un large sourire, il déclara :

-« En route pour les plages Hawaïennes, n’est-ce pas ? »

Le plus rapide moyen de se rendre droit au but étant le transplanage, il était temps de le pratiquer afin de commencer à chercher les fameux Hawaïens à cornes, mais avec la noix de coco centenaire et la présence efficace d’Ethan ce serait sans doute une mission tout à fait simple !
Les voici donc parti en un battement d’aile de dragon (ou en un clin d’œil), et tandis qu’Oskar se relevait en crachouillant un peu de sable et en enlevant de sa veste un grands morceau de goemon gluant, il demanda à son compagnon américain :

-« Alors ? Content d’être à Hawaï, mon ami ? Un chocogrenouille pour fêter ça ? »

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On avait gardé en joue le client énervé du moment, au moins le temps qu'Oskar termine ses achats, ce qui ne tarderait pas. On venait à peine de commencer sa "mission" que bien évidemment, les premiers ennuis lui tombaient dessus visiblement, enfin sur eux, en tout cas, il valait mieux agir de suite et de la bonne façon, n'allons pas nous empêtrer dans des histoires concernant des armoires cassées et le reste, sinon on n'était pas vraiment sorti de l'auberge, c'était le cas de le dire. Il venait de terminer finalement ses achats, on le laissa quitter la boutique en premier, gardant notre nouvel "ami" en joue, jusqu'à ce qu'on soit sortir. Mais bon, pour Oskar c'était un test, lui il en doutait sérieusement, il avait fait n'importe quoi et on avait du faire ce qu'on pouvait pour tout recoller en fin de compte. Et maintenant il était tout content, ouais, autant partir d'ici. Transplaner jusqu'à Hawaï ne serait pas simple, mais on dirait qu'Oskar avait fait cela toute sa vie.

Certes il avait l'air d'être assez illuminé mais pour transplaner sur une telle distance sans rien ressentir, il méritait une dose de respect. Une dose seulement, après tout, avec les bêtises qu'il avait déjà faites, c'était déjà mieux que rien non. En tout cas, ici, il faisait déjà plus chaud que sur le Chemin de Traverse, encore heureux que l'on connaissait et qu'on y avait été quelque peu habitué en habitant sur la côte Ouest des Etats-Unis.

"Non merci, je m'en passerais."

Lui et sa noix de coco, on se demandait bien à quoi cela servirait. Enfin toujours est-il que rangeant sa baguette, il observa les alentours, en tout cas une chose était sure, il nous avait fait débarqué en pleine cambrousse d'Hawaï, pas vraiment proche de la civilisation, logique si vous souhaitiez trouver un dragon.

"Je connaissais déjà le coin, je suis américain, cette île, je l'ai déjà arpentée, et personnellement, encore jamais vu de dragon. Vous savez par ou commencer à chercher ?"

Le mieux serait encore de s'enfoncer d'avantage dans la nature et de grimper les différentes collines, car nul doute que ce n'était pas à cette hauteur que l'on trouverait quelque chose. Mais lui n'était pas le guide, et il n'avait pas les informations qu'avaient Oskar. Espérons juste que cela ne nous amène pas devant un nouveau Norbert.

Et en plus, il le laissait manger son chocogrenouille ! Bravo ! Bien que maîtrisant le transplanage d’une façon magnifique, en toute modestie et objectivité, cela lui donnait bizarrement toujours un peu faim. Il engloutit alors les deux chocogrenouille avec un plaisir non dissimulé. Avec l’expérience de ses innombrables voyages à travers le monde pour faire ses reportages sur les dragons, il savait qu’il devait toujours penser à prendre des provisions avec lui. Pour en revenir à Ethan, le fait qu’il connaissait déjà Hawaï ajoutait à son crédit, il fallait bien le dire ! Quand à la question de savoir par où commencer, la réponse était : il va falloir commencer par une petite randonnée, car on verra mieux d’un point en hauteur. Il avait lu lors de ses recherches que l’Hawaïen à cornes était, pour ce que l’on en savait un grand amateur de cavernes à flanc de colline. Afin d’en repérer une, il allait falloir grimper !

-« Cher ami, nous allons mettre nos chaussures à l’épreuve. Nous sommes actuellement au pied de la colline Haleakala, sur l’île de Maui, et de son sommet, laissez-moi vous dire que nous aurons une splendide vue panoramique. »annonça Oskar.

Serrant sous son bras la noix de coco centenaire qui aurait, il en était certain, une utilité non négligeable sous peu, il commença l’ascension, suivi par Ethan. Après une vingtaine de mètres, il se dit qu’il vaudrait mieux, afin de valoriser ce brave aventurier (et aussi d’éviter certains périls), le laisser passer en première position.

-« Je pense qu’il serait opportun, étant donné les grandes capacités de votre esprit aventureux que vous ouvrez la marche, juste au cas où une attaque de lion des montagnes ou d’une autre créature hargneuse vous permette de mettre lesdites qualités en avant ! Après vous… » dit Oskar.

-« Ok . » répondit Ethan, qui semblait vraiment très bien cacher son enthousiasme et sa gratitude.

Le soleil tapait assez rudement, mais quelques canettes de jus de citrouille sortir fort à-propos du sac de l’Américain. Oskar se disait que décidément tout se passait extrêmement bien. Ce reportage allait être vite bouclé et serait sans doute un succès planétaire ! L’Ouzbèk en riait presque. Encore un grand moment de fine stratégie ! Tout à coup, il fût sorti de ses pensées par un bruissement de feuilles. Devant eux, un arbuste tremblait et des bruits sortaient de derrière son feuillage touffu. Il se rendit alors compte qu’un pas sur le côté fort opportun l’avait placé juste derrière Ethan. L’instinct et ses mystères…

-« Comment dirais-je… ? Vous qui connaissez bien ces îles, cela vous gênerait-il d’enrichir cette culture en déterminant ce qui provoque une telle agitation dans ce buisson ? » émit Oskar, tandis que le bruit redoublait dans les feuillages.

Une randonnée, non, mais ça il s'en doutait largement de toute manière. On avait bien fait d'avoir mis les bonnes chaussures pour vous me direz, en attendant la marche commençait. Aucune véritable difficulté en fin de compte, l'habitude peut-être de l'exercice physique, jusqu'à ce qu'Oskar le laisse passer devant. Pourquoi ? Bonne question, il ne demanda pas vraiment pourquoi il le laissait faire, peut-être parce qu'il avait peur de se faire manger par un iguane, va savoir, en tout cas, il prit la tête de la marche après un petit mot échangé. L'ascension se passait pour le mieux, le paysage était pour le moins magnifique, et pour l'instant pas de dragon, pas de noix de coco à utiliser et pas d'interview à réaliser, c'était parfait. Mais comme tout un chacun, il fallait que quelque chose les stoppe dans leur élan. Ou plutôt qui les fit s'arrêter. Un bruit derrière les buissons. A cette hauteur, cela ne pouvait pas être un dragon, il ne fallait pas avoir peur. Bon en tout cas en comptant le décalage horaire et le moment ou on avait transplané du Chemin de Traverse la nuit allait finir par tomber.

"Quoi ? Ca ? Restez là, je vous ramène ce que c'est."

Souriant légèrement, il sortit le couteau qu'il avait toujours sur soi et qu'il avait mis à sa ceinture, avant de franchir les feuillages du léger arbustre, surtout qu'il n'était pas très haut. Bientôt tout ce qu'on put voir ce fut les mouvements des feuillages et rien d'autre avant que tout se stoppe en fin de compte. Il revint, toujours en souriant, le couteau rangé soigneusement, et trainant d'une main par les deux pattes, une sorte de cochon, quelque chose dans le style.

"On appelle ça un cochon sauvage, et c'est notre dîner. On va camper ici pour ce soir, la nuit va tomber et continuer de monter risquerait de nous faire chuter et tuer. Vous savez monter une tente au moins ? Et vous en avez apporté une ou ?"

On ne sait jamais, lui il avait ramené de quoi dans son sac de toute manière, bien sur le tout en format rétréci et allégé en fin de compte, mais tout était là, avec la magie tout était possible. Et puis ils avaient aussi un cochon à faire cuir, cela serait certainement meilleur que des barres vitaminées ou des rations de survies, voir même ce que pourrait lui trouver Oskar dans les parages. Avec lui, on était sur de tomber sur quelque chose qui ne serait pas comestible.

"Vous préférez peut-être faire rotir le cochon à la place de monter votre tente ?"

Ce cochon avait l’air grassouillet et serait sans doute un délicieux repas ! Oskar allait montrer ses talents de cuisinier, qui étaient bien plus grands que ceux de bâtisseurs de tente de camping.

-« Je vais choisir l’option porcine, je crois. » dit-il.

Après avoir ramassé quelques brindilles et autres cailloux, Oskar entreprit de construire un petit foyer, pendant qu’Ethan se sortait avec brio de la difficile tâche de monter la tente. Une fois le foyer en place, l’ouzbèk prit quelques pas de reculs et, en visant les brindilles, il prononça « incendio » et le feu s’alluma.

-« On va pouvoir griller ce porc qui a eu l’audace de nous effrayer ! Haha ! » s’exclama-t-il.

Il entreprit alors de trouver de quoi accompagner l’animal (en espérant fortement qu’Ethan se chargerait de la tâche pour le moins ingrate de dépecer la bête). Ayant dans l’idée de dégoter quelques fruits sauvage, il s’éloigna des quelques mètres de leur feu de camp, flânant le nez en l’air à le recherche de quelques noix de coco (non centenaires), ou d’autres délices exotiques. Il pensait avoir aperçu quelques mangues ou des pommes des montagnes, lorsqu’il trébucha dans un trou et se retrouva au sol avec pertes et fracas. Il se releva presqu’aussitôt et jeta un coup d’œil vers le camp, mais son compagnon semblait ne pas avoir vu sa chute.

-« Ouf ! Les apparences sont sauves » pensa-t-il.

En s’époussetant, il prit un peu de recul et regarda l’endroit où il avait trébuché. Là, il n’en crût pas ses yeux : il était tombé dans… une grande empreinte de patte griffue ! Surement celle laissée par un dragon hawaïen à cornes ! Ils étaient vraiment sur la bonne voie ! Les dragons étaient tout près… ce qui tenait à la fois de la bonne nouvelle professionnellement parlant, et de la nouvelle inquiétante, du point de vue strict de la sécurité, bien que l’empreinte soit loin d’être fraîche.

-« Accio pommes des montagnes! » déclama-t-il en visant un arbre proche.

Les fruits obtenus, il regagna vite le camp, pour y constater que le cochon sauvage était toujours entier. Il allait donc falloir s’employer ! Mais avant cela il fallait faire part de sa découverte à son compagnon d’aventure.

-« Il est fort possible qu’un dragon soit venu pas très loin d’ici il y a quelques temps, si j’en crois l’empreinte que mon sens de l’observation aiguisé m’a permis de trouver pas plus tard qu’il y a quelques instants. Il y a sûrement des Hawaïens à cornes qui se cachent dans les environs ! C’est formidable, non ? » annonça Oskar, la mine réjouie. « Ne trouvez-vous pas que cette aventures se présente sous les meilleurs auspices ? »

Agitant sa baguette en répétant « diffinito » plusieurs fois, il entreprit de découper le porc en évitant de transformer l’appétissant animal en peu avenant hachis (ce qui n’était pas une mince affaire), tout en attendant la réponse d’Ethan.

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Bon au moins le fait d'avoir de quoi manger, cela avait l'air de le rendre euphorique, c'était déjà cela n'est-ce pas ? Et il avait l'air de vouloir jouer les Joel Roblochon ou les Maité pour l'occasion, laissons le faire, avec un sourire amusé alors qu'on posait son sac à même le sol. L'ouvrant, il en sortit un petit rectangle, on ne dirait pas en tout cas que Oskar avait amené de tente avec lui, pourquoi est-ce que cela ne l'étonnait pas plus que cela ? Fort heureusement, il prévoyait toujours tout en double. Il en déposa une dans un coin, l'autre en face, au milieu le feu au final, avant de sortir à nouveau sa baguette.

"Amplificatum."

Rien de tel finalement pour rendre sa taille originale aux objets, d'autant plus quand il s'agissait de tentes. Enfin là elles n'étaient pas encore montées vous me direz, mais qu'à cela ne tienne, le temps que notre ami parte chercher de quoi accompagner la viande de ce soir - après tout, c'était lui qui avait été chassé le cochon, Oskar pouvait trouver l'accompagnement - à l'aide de mouvement du poignet avec sa baguette, il fit monter les tentes. Il n'avait rien contre le fait de les faire à la façon moldue à vrai dire, mais c'était quand même plus rapide de le faire avec la magie. Une fois que sa tâche fut terminée, Oskar revenait visiblement avec des nouvelles toutes fraiches, oui bon, pour son aventure avec les dragons, lui de son côté, il préférait rester prudent quand même. Bon il s'amusait à découper le cochon on dirait, autant se rendre utile, notamment en allant chercher deux belles branches bien solides, et de commencer à les aiguiser avec son couteau, il fallait toujours savoir la jouer à la dure quand même.

Il revint vers Oskar avant de planter les deux morceaux de bois taillés dans deux parties différentes qu'on venait de couper, voilà, avec cela, à faire cuir au-dessus du feu, cela irait sans problème, du moment qu'il ne mettait pas la branche dans le feu directement bien sur.

"Mangez, on aura besoin de forces demain."

Quand au fait que l'aventure se présentait sous les meilleurs auspices, on verra le moment venu, lui restait sceptique avec les dragons quand même. Enfin pour l'instant on s'installa pour faire chauffer et rôtir sa partie de cochon tout simplement, le reste viendrait plus tard de toute manière.

"Et j'attends de voir ce dragon et ce qu'il nous réserve pour être sur que cette aventure se présente sous les meilleurs auspices. Le fait qu'il n'y ait aucun randonneur, alors que c'est un coin réputé, me prouve que votre dragon, il ne vient pas faire la causette très souvent, il vient chercher son dîner."

On était quelqu'un d'assez réaliste vous me direz, mais bon visiblement Oskar avait une autre vision de ce qui pouvait se passer, nous verrons bien, mais juste au cas ou, il valait mieux prévoir le plan de secours si on devait sortir d'ici avant de se faire cramer les fesses par un dragon en manque de nourriture.

Après les émotions de la veille, suivi d’une bonne nuit de sommeil dans une confortable tente qu’Ethan avait fort à propos sortie de son sac, Oskar se sentait d’attaque dès le matin. Dans son pyjama orné d’une tête de dragon, il mordait à belles dents dans une pomme des montagnes en songeant à l’Hawaïen à cornes lorsque le sifflement de la bouilloire lui indiqua que le thé allait bientôt pouvoir être servi.

-« Une bonne journée s’annonce ! A nous les dragons ! »s’exclama-t-il.

Plus tard dans la matinée, les deux voyageurs reprirent leur route vers le sommet de la colline Haleakala. Le soleil les éclairait joyeusement, et Oskar tendait l’oreille pour écouter chanter les petits oiseaux tropicaux.

-« Allez-y, nobles cacatoès ! Enchantez-moi de vos chants mélodieux ! »

Cependant ils ne chantaient pas beaucoup ces sacrés oiseaux des îles, comme si quelque chose les obligeait à garder le bec clôt et silencieux. Ceci était curieux dans une si riante campagne. Pas même le chant de quelque goéland marin ou d’un merle moqueur…

-« Ne trouvez vous pas ce silence pour le moins curieux mon cher Ethan ? » demanda Oskar, avant d’être interrompu, ainsi que le silence en question par un vrombissement sonore.

Il se doutait bien des options qui existaient afin d’expliquer ledit bruit : soit un volcan se réveillait avec pertes et fracas, soit un meeting aérien se tenait dans les parages, soit il s’agissait du ronflement caractéristique d’un dragon endormi. La solution la plus logique étant à privilégier, il ne pouvait s’agir que d’un dragon ; et il ne devait pas se trouver loin. Sa caverne était sûrement dans les environs.

-« Vous avez entendu ce bruit qui est comme une musique à mes oreilles mon garçon ? Un dragon est endormi pas loin d’ici ! »dit-il a Ethan, qui affichait une mine un peu inquiète, ce qui lui semblait surprenant, tant l’heure semblait être plutôt aux réjouissances.

Grimpant sur une grosse pierre, peinant à canaliser son empressement, l’Ouzbèk scruta les environs immédiat avec une grande attention, avant de s’écrier :

-« Là-bas ! Je la vois, mon ami, je la vois ! »

En effet, l’entrée d’une caverne assez grande pour qu’un reptile volant puisse y entrer sans demeurer coincé pouvait être aperçue à une centaine de mètre en amont de leur position actuelle. Sortant son appareil photographique ainsi que la noix de coco centenaire, Oskar commença à s’approcher avec précaution de la caverne, en prenant avant cela soin de voir si Ethan se tenait également prêt à parer à toutes les éventualités. A lui le scoop !

La nuit s'était plus bien passée, pas de bizarreries qui leur étaient arrivées. Tant mieux, on avait eu le temps le matin de défaire les tentes et de les ranger dans son sac à dos, sans oublier de prendre un bon café avant de partir. Il n'était pas vraiment très thé il faut dire, et le café le réveillerait d'autant plus vous me direz. Enfin toujours est-il que pour le moment, on avait repris la marche, gardant soigneusement la baguette en main, il sentait que cela allait mal finir à vrai dire, peut-être parce qu'on courrait après un dragon tout simplement, enfin en tout cas, plus ils montaient, moins il y avait disons de mouvements dans les alentours, comme si tout était trop calme, d'ailleurs, on eut raison de se méfier quand notre cher journaliste trouva sa perle rare. On était vraiment mal avec sa caverne des environs.

Dans quoi on allait encore tomber, de toute manière on eut rapidement la réponse quand un jet de flammes sortit de la caverne, vu qu'ils étaient encore à une certaine distance, les flammes ne les toucheraient pas vous me direz, mais cela n'allait pas vraiment les aider plus que cela. D'autant plus quand on vit la sale bête sortir de son trou en les sentant certainement arrivé. Et vu comment il était grand et puissant, ils n'avaient aucune chance. Pour le scoop on repassera quand même. Ethan murmura d'ailleurs plus pour lui-même qu'autre chose.

"C'est la merde."

En fait, on pouvait croire cela, surtout quand le dragon cracha une nouvelle fois du feu, mais dans les cieux, mais si on avait bien observé, c'était parce qu'il était enrhumé le pauvre, on dirait que quelque chose le bouchait dans les narines, peut-être pour cela que les alentours étaient aussi cramés. Enfin il ne les avait pas encore dévorés, c'était déjà un bon point, et maintenant ? Il allait faire quoi Oskar ?

"Balancez lui votre noix de coco, ça l'aidera peut-être."

De toute façon pour maintenant, on n'était plus vraiment à ça près, d'autant que le dragon les gardait quand même à l'oeil. Un petit sourire, un salut de main, est-ce que cela passerait au final ?

C’était le moment, c’était l’instant : on allait savoir si la noix de coco centenaire allait faire son œuvre, quel que soit son effet. Avec le geste d’un joueur de bowling professionnel, Oskar lança un strike en direction du dragon. Avec le geste…mais pas avec la puissance. Il n’avait pas le physique de son compagnon de voyage et la route de la noix de coco s’acheva brutalement lorsqu’elle tomba nez-à-nez avec une grosse pierre pointue à quelques encablures du saurien ailé. Alors que le fruit se pulvérisait en plusieurs morceau avec fracas, Oskar rentra la tête dans les épaules et se promit de soulever un peu de fonte si il avait le bonheur de survivre après un coup pareil.

Le dragon, relevant le sourcil droit (car oui, les dragons ont des sourcils), huma l’air en direction des débris de noix de coco, éternua un coup en propulsant une petite flamiche qui carbonisa un arbre malchanceux, puis d’un bon leste se rendit près du lieu du carnage. Il attrapa délicatement (autant que faire se peut pour un dragon) un grand morceau de noix de coco centenaire entre ses griffes aiguisées, le renifla un peu, puis le lança dans les airs avant de le gober en plein vol avec un petit grognement. Il prit alors une grande aspiration et poussa un grand cri strident. Si dans un premier temps, les aventuriers se demandèrent ce qu’il en était, il fût rapidement assez claire que c’était un cri de joie (autant que faire se peu pour un dragon).

-« Aha ! Je le SAVAIS ! » fanfaronna Oskar , l’air ravi. « La noix de coco centenaire apaise les dragons Hawaïens à cornes ! Joie et bonheur ! »

Pendant ce temps, le dragon finit les restes de noix avec avidité. Troublée un moment par le léger bruit émit par un gravillon crissant sous les chaussures des aventuriers, la créature se figea un bref instant en les regardant d’un air sévère, comme on regarde les marchands ambulants qui viennent perturber un bon repas à la taverne, avant de reprendre son activité gastronomique. Oskar en profita pour prendre discrètement quelques photos pour illustrer son article (sans le flash ! ne soyons pas fous non plus ! Du moins, pas totalement !).

-« Quel grand moment de journalisme ! » s’exclama-t-il en faisant un grand sourire à Ethan.

Le dragon avait finit son festin de noix de coco centenaire et se mit à renifler le sol frénétiquement. Visiblement, ses naseaux étaient totalement débouchés. Puissant, l’effet magique de cette noix de coco ! Il faudrait en parler dans « Passion dragon »… Le gigantesque reptile, réalisant que la fête du fruit sec était terminé, releva la tête, une lueur d’interrogation dans les yeux et en penchant la tête sur le côté. Il se mit en route vers Oskar, mais avant cela, l’Ouzbèk aurait juré voir s’esquisser un petit sourire malicieux aux coins de ses babines reptiliennes (autant qu’il soit possible à un dragon d’éventuellement sourire). D’un geste vif, il tendit sa patte, saisit le journaliste puis entreprit de le secouer, comme si il s’attendait à voir en tomber de nouvelles savoureuses et succulentes noix de coco centenaire. Ayant à la fois mal au cœur (un dragon secoue fort tout de même ), et il faut bien l’avouer un peu peur aussi, Oskar demanda :

-« MooOOooon AaaaaaAAaamiiiiIIi, p-p-poOOoooOooUuuUrrieEEeeeEEz-vOooOOouuUUus m’AaaaAidEEer , jeeEeeEe voOOouuUus prIIiiIiiiIe ? Burps ! »

On sentait que cela allait mal tourner, et ce fut le cas. Déjà quand on voit que poids plume avait un lancé désastreux, déjà on ne pouvait que soupirer en voyant cela. Non franchement il n'aurait pas pu la lancer plus fort quand même ? Encore heureux que le dragon savait ce qu'il avait à faire, à croire qu'il était plus intelligent que notre ami ici présent et visiblement cela marchait et notre journaliste était tout content. Le problème vint cependant par la suite en fait, apparemment Oskar était devenu le nouveau joujou du dragon, entrain de le secouer comme un prunier. Est-ce qu'on allait l'aider ou le laisser là ? Après tout, c'était lui qui avait cherché le dragon, à lui de se débrouiller non ? Mais non, il avait été engagé pour aider ce pauvre type après tout. Soupirant, il pointa notre ami de sa baguette avant d'énoncer un sortilège.

"Levicorpus !"

Quel miracle la magie franchement, le fait de pouvoir soulever un être humain comme si ce n'était rien et de le faire redescendre sur terre. Quand ce fut fait cependant, on remarqua rapidement que le dragon n'avait pas eu l'air d'apprécier le fait qu'il lui prenne son jouet quand même. D'ailleurs, il avait l'air d'être en pétard, en colère, et nul doute qu'on allait finir par se faire rôtir comme un rien.

"Bien pas que cela me dérange, mais apparemment il vous veut comme jouet personnel, alors soit vous suivez et on dégage d'ici, soit je vous laisse avec lui car il a pas l'air content."

De toute façon on attendrait pas qu'il crache du feu pour filer, on commençait déjà à filer d'ici, retrouver un dragon il voulait bien, mais essayer de se battre contre un de ceux-là, c'était comme être suicidaire, surtout que battre un dragon ce n'était pas donné à tout le monde. On préférait sauver sa peau, et de loin, encore heureux qu'on avait tout prévu. Il restait juste à maintenir la bestiole à distance assez longtemps pour éviter de finir en cochon grillé tout simplement.

"Si vous voulez sauver votre petit cul, touchez ce portoloin, il va s'activer dans quelques secondes et nous ramènera au Chemin de Traverse."

Le portoloin était une boussole, son activation prendrait un peu de temps, et en attendant, il essayait de maintenir à distance le dragon en balançant quelques sortilèges, qui ne l'égratignèrent même pas, mais au moins, cela ne le faisait pas trop avancer en fin de compte, c'était toujours ça de pris vous me direz.

Oskar était bien d’accord avec son valeureux compagnon, d’autant plus qu’il avait suffisamment de photographie est d’anecdotes pour remplir son article, voir même un numéro spécial ! De plus il lui semblait que les chocogrenouilles de la veille n’allaient pas tarder à faire leur grand retour sur le devant de la scène à force d’avoir été malmené par le dragon. Ce dernier était actuellement occupé à passer sa frustration d’avoir perdu son « hochet » en cassant un gros rocher à coup de coude et de tête, ce qui ne lui prit que quelques brèves secondes. Il regarda alors fixement les aventuriers et leur envoya un petit souffle de flammes pour la route tout en esquivant les sorts lancés par Ethan. Ils se baissèrent fort à-propos, comme pour remonter leurs chaussettes, et esquivèrent le feu par cette habile manœuvre. Oskar vérifia une dernière fois qu’il tenait bien son appareil photographique et que sa baguette était fixée à sa ceinture, puis il tendit la main vers le portoloin.
Juste avant d’être téléporté en compagnie d’Ethan au chemin de travers, il jeta un dernier regard vers la splendide créature pour laquelle ils avaient effectué ce grand et périlleux voyage. Il ne pouvait en jurer mais il eu la nette impression que l’Hawaïen à cornes lui adressa un clin d’œil (dans la mesure où les dragons peuvent faire des clins d’œil) avant qu’ils ne disparaissent.

-« Salutations ami dragon, ce fût un plaisir et un honneur ! » lui cria Oskar avant de disparaître.

En un éclair, ils se retrouvèrent au chemin de traverse, là où avait commencé la rude recherche de la noix de coco centenaire. Epongeant son front d’un revers de manche, le journaliste dit à Ethan :

-« Je vous remercie grandement pour votre prompte réaction face à ma demande lorsque je me trouvais entre les pattes de ce noble draconien, mon ami ! Alors, qu’avez-vous pensé de ce petit voyage dans l’univers fascinant des dragons ? En tous cas, pour ma part j’ai trouvé vos efforts et votre capacité à l’action hautement appréciable, sachez-le ! En un mot comme en cent : je vous aime bien, l’ami ! Casimir aura les meilleurs échos au sujet de votre travail et de votre esprit aventureux ! »

Il sortit de sa poche un coquillage Hawaïen et une fibre détachée de la coque de la noix de coco centenaire avant qu’elle ne soit lancée (dans le fond, le dragon n’avait presque pas tord de le secouer, donc) et il les regarda quelques secondes avec les yeux emplis de nostalgie et l’esprit plein de souvenirs épiques. Il pointa alors du doigt l’enseigne du «Chaudron Baveur ».

-« Cela vous dirait-il de prendre un verre avec moi ? » demanda-t-il à Ethan.

On l'avait échappé belle mine de rien, on avait réussi à dégager de là sans finir morts, c'était déjà cela. Bon Oskar n'avait pas eu son interview vous me direz, mais au moins il était toujours vivant, c'était un moindre mal. On avait quand même du se baisser pour éviter de finir totalement sous le feu de l'ennemi avant que le portoloin ne s'active. Quand on disait que les sortilèges n'avaient que peu d'effets sur les bestioles, on le voyait clairement non ? Enfin il était bien content de revenir quelque part, ou l'on ne risquait pas de mourir vous me direz, au moins ici, chez les anglais, il ne se ferait pas cramer par je ne sais quoi, et surtout il ne serait pas embarqué dans on ne sait quelle aventure. Il l'avait fait une fois, il ne le referait plus pendant un moment. On rangea le portoloin quand on remarqua qu'on était en sécurité, et surtout qu'il n'avait rien de brûlé sur lui, visiblement, Oskar non plus, une bonne chose, au moins il avait ramené son client en un seul morceau, c'était le principal.

"Je dis que je ne ferais pas ça tous les jours vu qu'un dragon ce n'est pas n'importe quoi."

Il sourit amusé, c'est vrai, que pour le coup, on ne ferait cela qu'une seule fois quand même. Cela aurait pu être du suicide quelque part non ? Mais bon c'était un travail comme un autre. Il regarda sa montre pour vérifier quelle heure il était, après tout ils étaient partis un peu plus d'une journée, exactement il ne saurait dire avec le décalage horaire en fait, mais bon, accepter l'invitation à boire un verre ? C'était tentant quand même, mais bon, il avait encore d'autre chose à faire à côté, notamment signaler à son rédacteur qu'Oskar était rentré, histoire de toucher sa prime de risques.

"Cela aurait été avec plaisir, mais votre rédacteur m'attend, il voulait des nouvelles dès que nous serions rentrés. Je lui dirais que vous avez réussi à faire ce que vous cherchiez."

Quoi ? On était honnête, il avait dis qu'il trouverait ce dragon et il l'avait fait. Est-ce que ce serait l'heure des séparations ? Visiblement. Il tendit la main vers Oskar, après tout il avait beau être loufoque ce type, quelque part cela avait été dépaysant d'aller dans un autre pays, et surtout là ou il faisait plus chaud.

"A une prochaine fois Oskar, en espérant que ce soit plus calme."

De nouveau un sourire amusé pour l'occasion.

Oskar, en serrant la main de l’Américain, se dit qu’ils avaient vécu une sacré aventure tout de même ! Un homme qui bravait les dragons comme lui et qui pouvait se vanter de connaître Hawaï allait sûrement recroiser son chemin un jour, quoi qu’il en dise. Le monde magique n’est pas si vaste, et Casimir payait bien, surtout ceux qui accomplissaient leur mission et en revenaient vivant, ce qui était signe qu’un bon article allait pouvoir être lu dans « Passion dragons ».

En parlant de l’article, il allait falloir se mettre à l’écrire. Puisqu’Ethan n’était pas décidé pour un verre (ou si il préférait ne pas faire s’éterniser leurs « au-revoirs » de peur de laisser échapper quelques larmichettes qui n’auraient pas cadré avec le personnage rude et aventureux dont il renvoyait l’image, chose qu’Oskar pouvait très bien comprendre), autant s’y atteler tout de suite. Il salua bien chaleureusement son compagnon de voyage.

-« A une prochaine fois, mon ami. Votre sourire montre bien que l’expérience vous fût agréable ; et comment ne le serait-elle pas ? Vous avez pu admirer un splendide dragon hawaïen à cornes, il vous a été donné de vaincre un terrifiant cochon sauvage (et d’y goûter), sans compté que vous êtes sorti victorieux d’une rixe sauvage et endiablée dans un magasin ! » dit l’Ouzbèk. «Je sais que mon éditeur sait où envoyer son hibou pour vous inviter à participer à un autre passionnant reportage. D’ici là, je ne peut que vous conseiller de prendre bien soin de vous, et je vous enverrai un exemplaire du journal contenant l’article sur le dragon de Hawaï dès qu’il sera rédigé ; comptez-y ! Merci pour tout, mon ami ! »

Sous ses aspects de fier aventurier valeureux et indestructible (du moins c’est ainsi qu’il se voyait) Oskar était un grand sensible et il évita de se retourner afin de ne pas révéler son émotion lorsqu’il fit route vers le « Chaudron Baveur » afin de s’installer à une table avec un jus de citrouille et de commencer à écrire son article, article qui serait, à n’en pas douter, passionnant ! Quel succès ça allait être ! Il en était certain !

Quelques jours plus tard sortit un numéro spécial de « Passion dragons » entièrement consacré à l’Hawaïen à cornes. Richement illustré de photos animées où l’on voyait par exemple le dragon se régaler de la noix de coco centenaire, ou pulvériser des arbres d’un seul souffle brûlant, il remporta un grand succès commercial, autorisant Oskar à rêver à de nouveaux voyages lointains (car il faut toujours en donner plus aux lecteurs ). Dans son article, le journaliste ouzbèk terminait son propos sur ses mots :

-« Et je tiens à remercier l’imminent Ethan O’Connell, un grand sorcier et un grand voyageur, sans lequel ma rencontre avec l’Hawaïen à cornes n’aurait pas eu la même saveur, ni le même retentissement ! Merci Ethan ! »

Comme promis, l’Américain reçu d’ailleurs, avant même que le journal ne soit disponible dans tous les kiosques du monde magique, l’exemplaire personnel de « Passion dragons » dont Oskar lui avait parlé au Chemin de Traverse. Tout fantaisiste qu’il puisse paraître pour le commun des sorciers, Oskar Nabyliev est un homme de parole ! Et, soit dit en passant, cet homme avait encore bien des aventures à vivre !

PS : en exclusivité :

Hawaï express Zocgu8