Londes, Décembre 1998, Repère de l’ordre du phénix.

« La nuit tombe tôt ces jours-ci. Elle tombe très tôt. Je trouvais le temps long. Depuis qu’Harry quitta l’Angleterre, je me sentais mal. Ron, ce charmant Ronald, avait beau m’aidé, je n’en revenais toujours pas. Je me demandais pourquoi il était parti, oui, je me le demandais sincèrement. Sans rien dire, du jour au lendemain, plus de Potter. Sur le peu de lettres qu’il m’eut envoyé, les mêmes justifications, la célébrité le pesait. Pour moi, ça ne justifiait rien. Nous étions ses amis, et je venais de me prendre une tarte à la pomme dans la tête. Je dois avouer, cher journal, que ça fait mal, très mal. Je pensais vraiment partager quelque chose avec lui, d’assez fort… Mais en fait, je me rendis compte d’une erreur. Une telle tarte fait mal, très mal. Cela voulait donc dire que depuis le début, je ne représentais rien ? Je suis devenu exécrable avec Ron depuis toute cette histoire qui a le don de me rendre nerveuse. Je suis en quête de réponses, des réponses que je ne trouve pas et ça m’agace ! Cette fois-ci, il n’y a aucune bibliothèque pour m’aider, non, rien du tout, je dois me débrouiller seul. Ronald est trop jaloux pour que je puisse le mettre dans la confidence. Pour lui, il est parti, point. Le plus important, c’est que l’on soit toujours ensemble. Mais il ne comprend pas…

Harry ne ferait pas ça sans une bonne raison, ou alors, je le connaissais très mal. Je devais démêler le vrai du faux de toute manière, avec ou sans Ronald, et ce, à tous les sens du terme. Sa jalousie ne m’arrêtera pas, je… Je dois découvrir la vérité ! Par le passé, j’eus déjà entrepris quelques recherches, mais sans succès. Quoi qu’en me souvenant, il y avait bien eu cet entrevu avec cet assassin… Bref. Là n’est pas la question. Aujourd’hui, j’ai décidé de me rendre là où je n’étais pas allé depuis la mort du seigneur des ténèbres, Lord Voldemort, le repère de l’ordre du phénix. Non, non, ce n’était pas une quête désespérée. Loin de là… Si personne ne savait où il était, alors là-bas, le saurait-il peut-être. Et puis… L’ordre me manque. Je les ais presque tous quittés depuis la bataille de Poudlord. Je m’en voulais un peu… Mais bon, je vais réparer cela. En y réfléchissant, ces recherches étaient infondées… puisque je devais être l’une des personnes en sachant le plus sur Harry Potter depuis son départ malgré des lettres plus qu’évasives… »

Hermione posa son stylo plume et referma le livre soigneusement, en y scellant le cadenas qui trônait sur le côté. La cheminée qui réchauffait la pièce s’éteignit lorsque la jeune femme se releva et enfila son manteau pour partir. Il faisait froid à ce moment-là. La nuit était déjà tombée, quoi de plus déprimant. À Londres, en Décembre plus particulièrement, il faisait froid. Un froid glacial qui gelait les os du corps. Autant fallait-il bien s’habiller. La sang-de-bourbe semblait lynchée de cette journée de travail à Sainte Mangouste, en compagnie de Darcy Spencer (Ce rp fait suite à celui avec Darcy). Mais sa motivation l’emportait. Son désir de retrouver Harry l’emportait. Elle referma la porte de la pièce, puis quitta son appartement provisoire (Le temps de la période scolaire avant de retourner chez ses parents), pour prendre la route vers le repère de l’ordre. Hermione appréhendait la réaction future des membres. Bonne ? Mauvaise ? Elle comprenait parfaitement l’antipathie qu’elle aurait pu dégager après avoir rompu toute relation avec eux. Devant la porte, elle n’hésita pas à l’ouvrir sans demander la permission et à pénétrer dans l’endroit. Le repère de l’ordre… Il avait bien changé… Ou pas en fait. Sauf que pour l’heure, il était vide. Personne ne s’y trouvait, quelle aubaine… Hermione, lassée, s’assit sur la chaise et soupira. De toute façon, maintenant qu’elle était là, elle n’allait sûrement pas ressortir tout de suite. Hermy alluma le feu de cheminée et quitta sa veste en espérant que quelqu’un lui rende visite...

Ces dernières semaines avaient été pénibles il faut l’avouer. Nos habitudes avaient été chamboulées, nous avions perdus un bon nombre d’amis, de membre de l’Ordre et tout le reste. Nous avions perdu Fred. George, qui avait dépassé à présent le stade de la dépression, avait une mauvaise habitude de l’imaginer dans le couloir menant à la salle de bain, ou le soir, dans l’arrière boutique du magasin. J’aurais aimé que ce soit vrai, mais ce n’était que le fruit de son imagination, même s’il se tuait à me dire le contraire. Cependant, il était compréhensif et ouvert au soutient, ce qui était beaucoup plus facile que les premiers jours, durant lesquels il éclatait en sanglot sans crier gare.

La guérison serait longue, c’était normal. Quant à moi, j’étais rongée par une sorte de culpabilité morbide. D’un côté, j’étais nettement déprimée. Après tout, nous avions perdus beaucoup de membres de l’Ordre, des personnes dont j’étais proche et bien sûr Fred, qui était mon meilleur ami, mais d’un autre côté, j’avais retrouvé mon père, en piteux état certes, mais en bonne santé générale et vivant, ce qui était le plus important. Du coup, je relativisais et me concentrais sur ceux qui restaient. Car oui, il fallait avant tout s’occuper des vivants. En plus du deuil général demeurait chez les Weasley une inquiétude quant à la disparition du jeune Potter. Je n’avais pas compris pourquoi, mais il avait prit congé loin des gens qui l’aimaient. Peut être en quête d’une spiritualité quelconque va savoir. En tout cas, le moral des troupes n’était pas au beau fixe, et nous n’avions pas d’autre choix que de faire avec.

Ce jour là, je m’étais réveillée au côté de George au Repère, la maison de mon enfance, après avoir passé la nuit là-bas. Ma moitié refusait catégoriquement de dormir dans sa chambre au Terrier, à cause du passé qu’elle contenait. C’était tout naturel après tout. Moi aussi je me souvenais de ses après midi d’été que nous passions, lorsque j’étais fourrée chez les Weasley, à mettre au point les boîtes à Flemme et autres inventions merveilleuses, qui avaient perdues de leur couleur et de leur gaité depuis la mort frère de mon ami et amant. Et puis au Repère, l’ambiance qui y régnait se voulait douce et chaleureuse, en raison de la convalescence de mon père. Il avait été dorloté par ma mère, ravie de retrouver son mari en un seul morceau. Le seul petit détail qui avait affecté sa personnalité, c’était son attachement soudain à la nourriture et à nous, ma sœur cadette et moi-même. Un trop grand manque peut être.

Enfin bref, toujours est-il que je m’étais levée de bonne heure et que j’avais trouvée George assit sur le rebord du lit, le teint livide, comme s’il s’apprêtait à vomir. Sa chemise sur mon dos à moi, je m’étais montrée comme d’habitude, plus douce qu’à l’ordinaire. Il n’était plus question de cacher son affection derrière un caractère trop joyeux et pas assez niais pour ça. Nous avions subit trop de chose pour nous en préoccuper. Il s’était alors tourné vers moi et m’avait demandé d’une voix rauque et tremblante si je pouvais me rendre Square Grimmaurd pour récupérer une jaquette qui était à Fred. J’approuvais d’un hochement de tête, que je posais sur son épaule, compatissante.

Il était encore tôt, mais je m’étais habillée vite pour aller effectuer ce qu’il me demandait. Plus vite ce détail sera réglé, plus vite nous pourrions essayer de penser, ou du moins faire semblant, à autre chose. Un jean quelque peu déchiré, évasé, mes Rangers, un corset noir et mon manteau en cuir, et me voilà partit. Au passage, j’adressais à mon père un baiser sur le front. Il était encore trop faible pour dormir dans la chambre parentale, et se reposait sur le canapé du salon, une pile de journaux de la Gazette du sorcier et du Chicaneur sur la table basse. Il voulait se rattrapé de ce qu’il avait raté au court de ces dix ans. Je sortais de la maison, qui ressemblait d’avantage à un énorme centre astronomique qu’autre chose, traversa la pelouse, et marcha le long de la rue. Je passais devant le Terrier et transplana en un pop léger, laissant derrière moi les feuilles tombées de l’automne passer voleter à ma suite.

J’atterrie sur le bas de la porte de cette petite maison, cachée par la magie entre le numéro onze et treize du Square Grimmaurd. Je tournais la poignée et pénétrât dans la maison. Il y régnait une ambiance morbide. Madame Black était heureusement en train de somnoler dans son cadre, de toute manière, je ne faisais pas assez de bruit pour la réveiller. Elle pouvait bien moisir sous son rideau en velours, ça m’étais bien égale. Les pans de mon manteau en cuir faisaient voler un peu de poussière, qui s’était entassé sur le sol, formant une ribambelle de moutons en coins de murs. Je montais à l’étage et rechercha cette fameuse veste.

En entrant dans une pièce à l’étage, je me souvenais que c’était dans laquelle je dormais avec les jumeaux lors de nos vacances passées là-bas. J’effleurais du bout des doigts les vieilles BD Moldues restées là, pleine de poussière. Sirius les avaient prêtés aux jumeaux qui les feuilletaient le soir, en se plaignant de ne pas voir les personnages bouger dans leurs encadrés. Je souriais pour moi-même avant de tomber sur la dite veste. Je la pris. Elle sentait encore le parfum de Fred, avec une légère odeur de moisie par-dessus. La poussière s’était également emparée du tissu. Je la secouais un peu pour la faire disparaître, puis redescendit les escaliers avec mon butin sous le bras.

Mais j’avais entendu du bruit. Une porte se refermer et un bruit de chaise. J’écartais légèrement l’entrebâillement de la dite porte et vit une jeune femme, assise sur une chaise, l’air dépité. Je me raclai légèrement la gorge et frappa inutilement à la porte. Je souriais et montrait la veste en la levant légèrement.

« J’étais venu prendre ça. » Lâchais-je d’une voix à peine audible. Je m’avançais dans la pièce, en déplaçant à ma suite deux ou trois moutons de poussière passant par là, meurtrit sous le poids de mes Rangers. En m’agenouillant à hauteur d’Hermione, sur sa chaise, je lui adressais un nouveau sourire. « Ça va Miss ? » Je demandais alors. En effet, elle avait une petite mine et semblait fatiguée.