Felix. Rien que ce prénom en dit long sur moi. Il signifie la joie en latin ce qui me représente assez bien. J'ai toujours été quelqu'un de positif et de joyeux. Mais Felix, c'est également un prénom biblique, une idée de ma mère sans doute vu qu'elle a toujours été très croyante. Enfin bref, tout ça pour dire que j'aime assez mon prénom, je n'aurai pas pu en avoir un qui me correspondait mieux. Sûrement pour ça que j'avais toujours voulu caché l'existence de mon second prénom que je trouvais un peu trop banal à mon goût. Sinon je suis né en Angleterre, dans un petit village près de Londres, où tout le monde se connaît et tout le monde s'adore. Après ce n'était peut-être que ma vision optimiste des choses mais j'avais cette impression que l'on était tous soudés, on formait une vrai communauté. Ma mère est une institutrice dans une école moldue. Enfin elle aussi est une moldue donc pour elle c'est une école tout ce qu'il y a de plus normale. Je l'ai souvent eu en professeur à l'école primaire, c'était comme son moyen à elle de me protéger, et je peux vous dire qu'elle enseignait bien, toujours à l'écoute de ses élèves, une vrai maman quoi.

Souvent lorsqu'on me demande : et ton père alors ? J'ai tendance à répondre tout simplement : je n'en ai pas avec un air gêné. Alors bien sûr que je sais que tout le monde sur cette Terre possède un père, mais moi c'est bien simple je préfère penser que je n'en ai pas. Qu'il n'existe pas un homme sur cette fichue planète qui aurai osé abandonner ma mère juste avant sa grossesse, l'ayant laissé seule dans un moment aussi important de sa vie. De notre vie. L'homme de sa vie maintenant, c'est moi. Je suis un peu l'homme de la famille ce qui me donne ma part de responsabilité, mais après tout ce que ma mère a fait pour moi, pour que je sois heureux et puisse vivre normalement, je trouve ça léger comme rôle. J'ai grandit dans un minuscule appartement, et pourtant je ne manquais de pratiquement rien. C'était ma mère qui devait sans cesse se priver pour moi, et au fond cela me brisait le cœur et j'espérais un jour pouvoir lui rendre tout ce qu'elle avait bien pu enduré par ma faute. C'est après ma naissance que les gens ont commencé à nous tourner le dos. Apparemment une famille monoparentale c'est assez mal vue ici, étant donné que la plupart des habitants de notre village (nous y compris) étions de pur chrétiens pratiquants. Chaque dimanche à l'église c'était la même chose, on nous fusillait d'un regard que je ne pouvais même pas essayer d'imiter, espérant qu'un jour nous arrêtions de revenir mais nous étions toujours fidèles. Ma mère disait que c'était Dieu qui la comblait, qui l'avait emmené jusqu'à moi. Elle semblait heureuse malgré tout. Alors c'est simple : moi aussi j'étais heureux.

À l'âge de six ans je finissais par découvrir mes pouvoirs en plus de rentrer à l'école élémentaire. Ce qui était très déconcertant pour moi, qui avait toujours pensé que seul le bonhomme tout là haut avait le don de faire des miracles, ne le fut pas tant que ça pour ma mère. Mon père était un sorcier apparemment, c'était la seule chose que je savais à son sujet. Je devais donc me faire à l'idée que je n'étais pas quelqu'un d'ordinaire, ce qui me rendait assez fier au fond. Dans notre village, nous avions tous cette unicité et ce respect des autres en dépit de toutes les choses que nous avions vécues dans ma famille. Si bien qu'au bout d'un certain temps j'avais développé un style à part entière et j'adorais ça. Ne pas ressembler à tout les enfants, être le mouton noir parmi les moutons blancs. C'est aussi à l'âge de six ans que l'on m'affubla de lunettes de vue, étant donné qu'apparemment j'étais myope. Au départ j'étais contre, ma mère allait devoir sacrifier deux mois de salaire pour me les payer et cet argent là nous en avions plus que besoin si nous ne voulions pas nous retrouver à la porte. Je me sentais comme responsable de notre malheur.

Mon échappatoire, c'était la musique. Depuis que j'étais en âge d'ouvrir la bouche pour produire des sons, je faisais partie de la chorale de l'église. C'était juste du pur bonheur. Je me sentais enfin moi-même, et ça me permettait de me sentir vivre, de ne pas penser à ma mère, à notre vie, aux problèmes de la vie. Oui, même jeune je pensais comme un adulte. Je crois que c'est l'absence de mon père qui a fait que j'avais vite muri, je n'avais pas tant le choix en fait. Il fallait un homme dans cette famille, et cela devait être moi. Au fond, je me mettais une lourde pression sur mes frêles épaules et la musique me permettait de gérer ça. De me consacrer un peu de temps pour moi, pour jouer de la guitare, chanter. En plus apparemment j'étais doué, que du bonheur.

Puis à onze ce fut la lettre de Poudlard, l'école de magie d'Angleterre. Ce n'était peut-être qu'une formalité pour certains, mais une surprise totale pour moi. Apparemment j'y étais inscrit dès la naissance, sans même savoir si j'étais un véritable sorcier ou non. C'est ça la magie. Il avait fallu un certains temps à ma mère pour se faire à mon départ imminent, et encore plus pour moi. Je ne voulais surtout pas la laisser seule, et surtout le fait que je ne connaisse rien à ce monde que j'allais bientôt découvrir me laisser perplexe. Mais je n'étais pas du genre peureux alors j'acceptais finalement le futur qui m'attendait néanmoins avec une certaine appréhension, me demandant s'il existait des gens comme moi. Je veux dire qui ont qu'un seul parent de sorcier. Pour être honnête je pensais être une exception. Mais plus tard j'apprenais que c'était un cas assez courant, on appelle d'ailleurs ça "sang mêlé". La découverte du chemin de Traverse, l'achat de ma baguette et de Deedee mon hibou fut à la fois quelque chose de merveilleux et de déconcertant, et je ne vous parle même pas de mon départ.

Déjà rien que trouver ce fameux quai numéro neuf trois-quart, ce fut une vrai chasse au trésor pour moi. Une demi-heure, ce fut le temps qu'il me fallut pour me convaincre de traverser ce mur. Pour moi c'était juste insensé, c'était carrément suicidaire. Et vous savez, le suicide est un pêché. Puis au final je l'avais fait, je n'en revenais toujours pas. Ce jour reste quand même un souvenir marquant, de même que mon premier voyage dans le Poudlard Express. Tout le monde semblait déjà si bien s'entendre, moi je me sentais légèrement exclu. Derrière mes lunettes j'observais les gens qui commençaient à se lier et je les écoutais parler. J'espérais que la suite de la soirée soit meilleure. À vrai dire je ne savais pas du tout ce qui m'attendait. Les premiers mots que l'on osa enfin m'adresser, ce fut si je me souviens bien : Bienvenue à Gryffondor. Apparemment mes sept prochaines années ici dépendaient du choix de ce chapeau un peu effrayant. Soit, je rejoignais finalement la table des rouge et or qui m'accueillit avec une tonnerre d'applaudissement. Cela faisait quand même chaud au coeur.

Ma première année ne fut guère ma meilleure, loin de là. Mais faut dire que les autres étaient pas mal non plus. Je découvrais la magie en fait, mais aussi Poudlard et ses différents maisons. Parmi Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard, il semblerait que seulement les trois premières maisons soient vraiment fréquentable. J'étais la victime préféré des Serpentards, allait savoir peut-être les lunettes qui faisaient ça ou le fait que j'avais tendance à ouvrir un peu trop souvent la bouche. J'apprenais à me servir de ma baguette magique, à monter un balai. Et j'en concluais vite que j'étais plus doué pour les sortilèges que pour voler. J'étais plus un intellectuel qu'un sportif en fin de compte, ce qui me faisait encore plus de moi une victime potentielle. Alors oui c'était dure Poudlard pour moi. Mais ce qui me faisait tenir bon, c'était les hiboux de ma mère chaque semaine, enfin sauf celui que j'avais reçu un peu avant l'arrivée des vacances d'été. Ce "nous allons bien" avait eu le don de m'irriter particulièrement. Maman m'avait en quelque sorte remplacé, c'était comme ça que je le vivais.

Une fois rentré à la maison, je faisais alors connaissance avec Ludwig. Non en réalité, je le connaissais déjà. De toute manière on se connaissait tous dans mon village. Ludwig était là tout les dimanches à l'église et à vrai dire, je n'avais rien à lui reprocher il rendait ma mère heureuse, comme j'étais le seul à le faire à une certaine époque. Que voulez vous, quand il s'agit de la femme de ma vie, je suis quelqu'un de très possessif, si bien que mes rapports avec beau papa étaient au début assez conflictuels. Je voulais le faire craquer, qu'il s'en aille sans jamais revenir. Quelle égoïsme quand j'y repense maintenant. À la fin des vacances j'avais finalement compris que je pouvais lui faire confiance, que c'était mieux qu'il soit finalement là pour veiller sur ma mère quand je retournerai à Poudlard. J'avais hâte d'ailleurs, si vous saviez ! Non mais j'étais tellement mieux chez moi, à chanter, jouer, bouquiner sans personne dans les parages pour me faire pousser des furoncles sur le visage. Car oui, j'y avais déjà eu droit.

Juste avant de réintégrer Poudlard pour une deuxième année, ma mère décida de m'offrir un cadeau que je n'allais pas oublier de si tôt. Un anneau en or blanc, sur lequel était gravé "safe". Je n'avais que douze ans à cette époque et j'avoue que je pensais que la signification de ce cadeau était uniquement un gage de protection. Une sorte de "fais attention à toi" que ma mère avait du payer à l'aide de plusieurs mois de loyer. C'était une idée de Ludwig en plus de cela. Ce n'est que lors de ma quatrième année que l'on m'en expliqua la signification. Faire vœu de chasteté, pourquoi pas. Quand je vois ce qui était arrivé à ma mère par le passé, je ne me sentais pas en position de lui refuser cela. Elle avait assez souffert, je comprenais alors qu'elle n'ait pas envie de s'inquiéter à mon sujet. Pour elle alors, j'allais honorer cette promesse qui ne me paraissait pas si difficile que cela. En même temps je n'avais que quatorze ans.

Lors de ma deuxième et troisième année, je ne me sentais pas différent de ma première. Sûrement que j'étais encore une sorte de gamin même si j'étais très mature pour mon âge. J'avais de très bons résultats, si bien que j'attisais la jalousie de certaines personnes qui me le rendaient bien. J'en venais même à devenir stupide pour qu'on me lâche enfin la grappe. C'était bête comme façon d'agir, mais j'en avais plus que marre d'être le souffre-douleur. Je commençais à me lier d'amitié avec certaines personnes, peu nombreuses mais bon on fait avec, ces personnes deviendront par la suite mes meilleurs amis. Au moins je ne me sentais plus seul ici. On formait une sorte de bande d'outsiders, chacun étant rejeté pour telle raison. Moi j'étais le chrétien qui n'arrêtait pas de plonger son nez dans les bouquins. Qui n'arrêtait pas de l'ouvrir mais qui n'avait pas la force de se défendre. J'étais courageux oui, peut-être bien, mais c'était plus être téméraire quand on avait à chaque fois affaire à des cinquième, sixième voir même septième années. Poudlard était une sorte d'enfer pour moi. Et ce fut encore pire par la suite.

Quinze ans, début de ma cinquième année et de la crise d'adolescence. Sûrement à cette période que mes hormones commencèrent à entrer en ébullition. Bah ouais, j'avais beau être chrétien, pure, chaste tout ce que vous voulez, je n'en restais pas moins un adolescent. Un charmant adolescent en plus de ça, enfin si on aime le look intello coincé à lunettes. Cela avait plu à une certaine Serdaigle, Delta elle s'appelait. Ma première petite amie, on avait enfin laissé tomber l'hypothèse de mon homosexualité au moins. Et oui, si vous saviez les rumeurs qui avaient bien pu circuler à mon sujet.. Enfin bref, ma toute première histoire de cœur, et je vous le dis, elle vaut le détour ! On était à nous deux le parfait stéréotype du couple ringard. Moi j'avais les lunettes, Delta l'appareil dentaire. On était juste AWESOME. En plus, comble de l'ironie : Delta avait elle aussi un anneau. On se comprenait elle et moi au moins. Mais la vie au château n'en devenait que pire. "Puceau", "looser" devenait mes principaux sobriquets par la suite. Mais je m'en foutais en fait, j'avais Delta. Enfin ça, c'était avant d'apprendre que cette petite cachotière emballait mes deux meilleurs amis dans les cachots de Poudlard. Elle est pas belle la vie ? --> Et le pire, c'est que je suis vraiment sérieux. Qu'est-ce que je pouvais aimer ma vie, non mais sérieusement là j'atteignais des sommets.

Du coup, plus de Delta lors de ma sixième et septième années. J'avais eu mes examens haut la main à force de persévérance soit disant, mais la vrai raison était que j'avais vraiment bossé dur pour les avoir. Je continuais ma dégringolade intellectuel devant les autres, histoire de me faire le plus discret possible, et j'évitais les filles comme la peste. Ah et je recevais toujours les lettres de ma mère, ou parfois de Ludwig. Tout se passait bien pour elle alors je me disais que tout ce qui m'arrivait à Poudlard n'était pas si grave que cela. Et en plus de ça je respectais ma promesse, elle devait sûrement être très fière de moi. La musique faisait toujours partit de ma vie, j'avais même monté un groupe avec deux gars de ma maison, on était les Jesus Brothers, comprenez les frères du Christ. Avouez que ça pétait quand même comme nom de groupe ! Une idée à moi bien évidemment. Mais je devais bien avouer qu'après ma première rupture, j'avais totalement perdue confiance en moi. En temps normal j'étais plutôt fier de ce que j'étais, mais là je ne savais plus où j'en étais. J'avais finis par croire que j'étais peut-être le gars qu'on pensait que j'étais, et finalement je les avais laissé m'atteindre. Grosse déprime lors de ma septième année. Je pensais qu'une fois que je serai l'un des plus grands dans cette école tout irai mieux, mais en fait non, c'était tout le contraire. Du genre même les deuxième année s'y mettaient. Du coup, je redevenais l'intello que j'étais, enfin que j'avais toujours été. J'obtenais mes derniers examens avec des mentions acceptables. J'avais perdu en motivation, seul la musique avait le don de m'apaiser.

Je me retrouvais donc lâché dans la vie active, sans avoir une seconde réfléchit à ce que j'allais faire. J'avais un ami qui était devenu joueur de Quidditch pro dès sa sortie, un Serpentard qui m'en faisait voir de toutes les couleurs qui avait entamé ses études d'Aurors et moi alors ? J'étais sans emploi. J'étais pendant un moment resté chez ma mère, à m'occuper d'elle. Ludwig avait beau être là, je me sentais toujours responsable d'elle plus qu'elle ne l'était de moi. C'était plus fort que moi, ça en devenait presque étouffant pour ma mère qui se cotisa avec mon beau-père pour me louer un appartement dans la capitale. J'avais très mal prit la nouvelle au début, mais au fond elle n'avait pas tord. Il fallait que j'arrête de m'en faire et que je commence à mener ma propre vie. Voilà où j'en suis actuellement.

C'était l'histoire de Felix Weaver, raconté par Felix Weaver.